- Intervention de la SD 60 au CDFN de janvier 2024, faite par Pierre Ripart –
Les AESH et les AED sont parmi les personnels les plus précaires de l’Éducation nationale. Évidemment la précarité s’étend en dehors de ces deux métiers et sur l’ensemble des versants de la fonction publique particulièrement à la territoriale. L’absence d’un·e ministre de la fonction publique de plein exercice est très inquiétante pour ce dossier comme pour d’autres.
À l’Éducation nationale, nos collègues AESH représentent maintenant 10 % des personnels ; chiffre en constante augmentation. Derrière ce chiffre, on le sait, on le vit dans nos syndicats et nos sections départementales, il y a des collègues. Des collègues qui voient leurs conditions de travail se dégrader constamment parce que la mutualisation s’accélère, parce que les PIAL multiplient les changements d’emploi du temps d’écoles et d’établissements, parce que les recrutements ne sont pas suffisants, parce que l’inclusion n’est pas accompagnée des moyens nécessaires. Des collègues souvent méprisé·es par l’employeur parce que leurs droits sont bafoués quand il faut réclamer son contrat, un passage en CDI (qui assure une précarité déguisée), mendier son SFT ou sa prime REP/REP+ parce que les salaires sont indignes. Des collègues qui sont attentifs et attentives à ce que dit et propose la fédération et qui se syndiquent aussi car nous les accompagnons, les défendons et portons des revendications justes et essentielles.
Du côté de nos collègues AED la situation se dégrade également : les missions sont toujours plus étendues (encadrement des séances numériques dans le cadre du remplacement de courte durée) et mal respectées, et le nombre de recrutements toujours aussi faibles, du recrutement local, des contrats courts, la faiblesse des rémunérations, l’impossibilité de concilier études et temps de présence plus important dans les établissements scolaires, remplacement non assuré, temps de travail annualisé, à cela s’ajoute une CDIsation encore pire que celle des AESH puisqu’elle n’est qu’une possibilité au lieu d’être automatique au bout de six ans de CDD et qu’un AED en CDI est rémunéré sans aucune grille ni garantie de progression ultérieure… La liste est longue mais loin d’être complète.
Comme vous le savez les AESH et les AED étaient exclu·es du bénéfice de l’indemnité REP/REP+. Le Conseil d’État a toutefois considéré que cette exclusion était illégale. Il notifie au Premier ministre de corriger cette injustice. Le TA de Paris a confirmé l’application de cette jurisprudence aux AESH et aux AED. Aujourd’hui, sur la base de cette décision, les AESH et les AED qui ont exercé en éducation prioritaire ont la possibilité de voir leur droit respecté.
Des modalités d’action et des recours différents ont été proposé par les SN concernés (notamment FSU-SNUipp et SNES-FSU) pour des collègues qui ont pourtant les même statuts et les mêmes droits. Cela a entrainé de l’incompréhension voire des crispations du côté des militant·es mais aussi et surtout du côté de nos collègues précaires. Nous regrettons que ce dossier n’ait pas été porté par la fédération dès le début. Maintenant il faut que la FSU accompagne toutes et tous les collègues dans ces recours permettant de demander à récupérer cette prime pour les années antérieures. C’est capital pour la fédération. Et il n’est pas trop tard pour mener une nécessaire campagne fédérale nationale. La même que nous menions au moment des élections professionnelles. Pour lutter contre la précarité et toutes les précarités nous avons besoin de la fédération, de toujours plus de fédération, de beaucoup plus de fédération.
Pour la grève du 1er février et les prochaines grèves et actions à venir et peut-être à construire aussi dès le jour de la rentrée 2024, nous avons besoin de matériel fédéral pour nos collègues et spécifique pour les précaires de toute la fonction publique et de l’éducation nationale. Il n’est pas trop tard !