Marseille, lundi 25 octobre : 90 salariés de l’Education nationale commencent leurs vacances par une Assemblée générale de lutte (appelée par le SNUipp, le SDEN-CGT, SudEduc et la CNT), preuve s’il en est que le mouvement est puissant et enraciné. Fin de l’AG, direction la Mairie de M. Gaudin, vice-président UMP du Sénat, pour un rassemblement interprofessionnel, troisième du genre en plus des temps forts depuis le début du mois d’octobre. Agents du port, salariés de la pétrochimie, territoriaux des cantines et éboueurs, cheminots, employés des impôts, enseignants… sont réunis une nouvelle fois pour affirmer leur détermination.
Surprise ! Les forces de police en nombre insuffisant laissent accéder les manifestants au parvis. En aparté, ils concèdent être débordés par la durée du conflit et la multiplicité des initiatives sur l’ensemble du département. Le matin même, les dockers ont rebloqué un dépôt stratégique d’essence à Fos-sur-mer.C’est que dans les Bouches-du-Rhône, au-delà de la puissance devenue habituelle des grèves et manifestations interprofessionnelles, on recense les secteurs clés de ce conflit : ports et pétrochimie notamment ont joué un rôle essentiel de catalyseur du mouvement. En grève reconductible depuis le 23 septembre, ils ont permis aux assemblées générales d’autres secteurs de basculer dans la reconduction de la grève. Renseignements pris, pas de hasard : cette construction de la grève est le fruit d’un travail en commun d’équipes syndicales décidées à relever le défi de la confrontation. Rien n’eut été possible non plus sans que l’UD-CGT13 et l’intersyndicale départementale ne partagent cette volonté combative. Dès le 2 octobre les dirigeants de la CGT, de la FSU et de Solidaires appelaient à la généralisation du conflit dans un meeting de haute volée clôturant la manifestation. Pas de hasard, donc !
Après le 19 octobre : rendez-vous étaient donnés à 3h ou 4h du matin pour participer aux blocages des dépôts de kérosène de l’armée, ou de l’aéroport de Marignane. Réunis sur les piquets de grèves au petit matin, enseignants des quartiers nord de Marseille (11 jours de grève), salariés de la bibliothèque municipale de Martigues (7 jours de grève), de la raffinerie Inéos (14 jours de grève), agents portuaires (26 jours de grève), et d’autres encore, on avait le sentiment, au-delà des mots et des incantations passées, qu’on menait réellement ensemble un combat commun.
Evidemment, tous les esprits boutiquiers n’ont pas volé en éclat en deux semaines. Il n’a pas été possible par exemple de mettre à l’ordre du jour une assemblée générale interprofessionnelle. La posture délégataire ou la peur de la défaite n’ont pas permis de construire une grève reconductible de masse, absolument nécessaire pour envisager la victoire…
A Marseille, sous le soleil exactement, on se dit quand même, qu’en cet automne 2010, on aura avancé, on aura aussi peut-être offert un avenir au syndicalisme et aux luttes ! Le 9 novembre 2010.