Notre collègue Samuel Paty a été assassiné vendredi 16 octobre dernier. Cet acte nous frappe toutes et tous de stupeur et d’horreur. Il a été commis contre un enseignant qui faisait son métier. C’est le cœur de l’école, pilier de notre démocratie, ses missions d’apprentissage et d’émancipation, qui ont été attaqués. C’est ce qu’ont exprimé les milliers de personnes, enseignant·es, élèves, parents, citoyen·nes qui se sont rassemblé·es les jours derniers en son hommage. Alors que s’annonçaient les vacances scolaires, tant attendues par les élèves et les personnels de l’Education Nationale tant la période passée a été difficile, ce crime atroce est venu brusquement interdire toute trêve dans nos préoccupations quotidiennes, et nous rappeler que l’obscurantisme peut s’abattre partout.
Passé le temps de la sidération et de l’hommage, viendra celui de l’analyse. Qui a participé, et comment, à l’engrenage infernal qui a conduit à ce crime ? Quelle est la responsabilité, collective et individuelle, des fondamentalistes religieux ? Nous demanderons comment notre institution a réagi, et notamment si Samuel Paty a été protégé à la hauteur des menaces qu’il subissait. Nous devrons aussi anticiper ensemble les tentatives de restrictions de libertés qui ne manqueront pas d’arriver. Si Castex et les responsables macronistes étaient présent·es dans les rassemblements, ils et elles œuvrent aussi depuis trois ans contre la liberté d’expression, contre la liberté pédagogique, contre la laïcité et ils et elles attisent les haines notamment religieuses. Nous ne pouvons être qu’inquiet·es notamment des propos des ministres Darmanin et Blanquer dans leur recherche continue de coupables, de responsables. Accuser l’université et un syndicat étudiant représentatif, l’UNEF, « de complicité intellectuelle avec le terrorisme », relève de l’irresponsabilité, de la bêtise la plus crasse mais aussi de la volonté assumée de mettre en danger des personnels et des militant·es.
Il est de notre responsabilité syndicale mais aussi citoyenne de nous opposer à cet obscurantisme politique. Il faut contrer, avant qu’il ne soit trop tard, ce concert de voix politiques et médiatiques qui amalgament à dessein le terrorisme fondamentaliste avec des figures et des organisations de notre camp social, en les taxant de laxisme et de complaisance avec l’islamisme. Cela passera par la nécessité d’échanger avec nos collègues, de réfléchir à d’autres alternatives, d’occuper de nouveau la rue pour que d’autres voix se fassent entendre. La grève dans l’Education Nationale doit être l’occasion de tout cela. Il y a urgence que la FSU la prépare, la vulgarise et mette le paquet pour sa réussite.