Refusons l’ orientation active
Un copsy pour 1500 élèves dans le secondaire, 1 pour 15000 à l’université, c’est dans ce contexte de pénurie de personnels qualifiés que le Ministère de l’enseignement supérieur a mis en place l’année dernière l’orientation active. Il s’agit de donner un avis aux lycéens sur leurs choix de licence.
Pour ce faire les lycéens doivent indiquer leur série de bac, leurs résultats scolaires, puis reçoivent un avis, assorti parfois d’un conseil d’inscription dans une autre formation jugée plus adéquate. Cette disposition soulève divers problèmes :
– Les personnels qui répondent n’ont le plus souvent aucune qualification pour donner des conseils et ne connaissent pas toujours les contenus de formation du secondaire et de l’ensemble des formations du supérieur.
– Il est difficile de faire un pronostic d’échec ou de réussite, c’est d’autant plus illusoire lorsque la connaissance que l’on a de l’élève se résume à quelques notes.
– La notation des enseignants du secondaire n’est pas toujours la même d’un enseignant et d’un lycée à l’autre.
– Mais, et c’est la critique majeure que l’on peut faire à ce dispositif, l’orientation active est une première attaque contre la libre inscription des étudiants à l’Université. Ainsi, les jeunes dont les familles sont les plus éloignées de l’enseignement supérieur, seront ceux qui vont sans doute plus facilement accepter un avis négatif, et autocensurer leur inscription à l’université. En outre, depuis la LRU, la pré inscription à l’université est obligatoire. La tentation est grande pour certaines universités de considérer le dossier d’orientation active comme une pré inscription, et de présélectionner les étudiants qui seront, selon eux, les « meilleurs » et donc de leur apporter les résultats de réussite aux examens qui leur permettront un financement conséquent dans le cadre de leur autonomie. Quel rapport, dès lors, avec le choix d’orientation du jeune ?
Le SNES doit clairement demander l’abandon de l’orientation active. Il doit, en tant que syndicat majoritaire dans le second degré, informer les familles – notamment les fédérations de parents – sur le caractère nocif et pernicieux de la procédure. Il doit, avec la FSU, demander la non application de cette procédure. Il doit de nouveau exiger la reprise d’un recrutement conséquent de copsy afin d’accompagner les élèves dans la construction de leur personne et la projection dans leur avenir.
Laure Bennassar & David Coulon
Ecole Emancipée