La réforme du collège représente une attaque majeure : l’autonomie que le projet comporte, et la déréglementation qui l’accompagne, distillent des inégalités là où l’actuel collège s’efforçait de maintenir une scolarité « commune ».
Sous couvert d’habillage pédagogique, le projet disqualifie l’entrée disciplinaire et les savoirs.
Pas d’amélioration des conditions d’études, au contraire, et aucun dispositif pour surmonter la difficulté scolaire. Quant au métier, dégradations sensibles en vue : charge de travail accrue, dénaturation des missions…
Face à un gouvernement autoritaire qui publie le texte rejeté au soir même de la première mobilisation, qui commet nombre de réformes qui sont autant de régressions, on pourrait penser la profession défaite, résignée, vaincue.
Ce n’est pas le cas. Deux jours de grève en trois semaines, qui plus est en mai-juin, et qui drainent une bonne moitié de la profession.
C’est dire là l’engagement de collègues qui ont compris ce qui se joue : ce projet modifie en profondeur l’école publique, dont les déçus alimenteront l’école privée, il installe une école territorialisée et démantibulée, il explose le cadre national…
Pour achever la destruction, les diplômes nationaux sont sur la sellette. C’est un projet idéologique à l’opposé de celui du service public, d’une société solidaire qui promeut l’émancipation de la jeunesse.
C’est un projet libéral qui permettra, du même coup, de mettre les personnels sous le joug des hiérarchies.
Les facettes de cette réforme sont diverses et complexes à démêler : il faudra dès septembre résister à tous les dispositifs, boycotter les « conseils » et autres instances, informer les parents, essayer de rallier les collègues des écoles et lycées et empêcher, par une résistance active, la réforme de préparer son entrée.
Nous n’avons pas le choix !
Maintenir l’intersyndicale est un gage d’efficacité pour poursuivre la mobilisation et les actions proposées peuvent se décliner à différents niveaux : doter les collègues de mots d’ordre syndicaux pour les aider à semer des obstacles continuels à ce projet ; mener campagne auprès des parents et construire avec eux une journée nationale de manifestations ; enfin, décider au plus près de la rentrée d’une grève contre ce projet.
Il faut qu’un cadre de mobilisation soit proposé pour aider les collègues dans leur refus de la mise en œuvre de la réforme. Cela relève de la responsabilité syndicale. ●
Véronique Ponvert