Suite à la remise du rapport sur la refondation de l’école, quelques mesures ont été annoncées en grande pompe par François Hollande pour l’école primaire. L’examen de cet engagement présidentiel à l’aune du projet de budget pour la rentrée 2013 est éclairant. Il ne prévoit qu’un peu plus de 3000 créations de postes à la rentrée prochaine. La rentrée suivante devrait cependant voir une hausse de ces créations de postes (6000 ? 7000 ? plus ? moins ?).
Ces créations seront bien insuffisantes pour permettre une scolarisation des 2 ans et une baisse des effectifs permettant l’instauration sereine de « plus de maîtres que de classes ». Ces deux mesures nécessiteraient à elles seules la création de 80 000 postes. Des premières mesures d’urgence, se limitant à la seule scolarisation de 2 ans en Zep et à l’octroi de maîtres supplémentaires pour les classes de CP-CE1, représenteraient 20 000 postes.
Revue de détail.
(re-)Scolariser un tiers des 2 ans
Dans les écoles publiques à la rentrée 2011, le taux de scolarisation des 2 ans atteignait 8,82%, soit une chute de près de 20 points depuis 2001. Se donner l’ambition de retrouver le taux de 2001 tout en offrant des conditions de scolarisation adaptées proches de celles observées dans le secteur de la petite enfance (pas plus de 15 élèves et une ASEM à temps plein) nécessiterait d’ouvrir 9 000 classes de tout-petits, sans compter les incidences financières sur les collectivités territoriales (embauches d’ASEM et locaux).
Pas plus de 25 élèves par classes
Actuellement, plus de la moitié des classes de maternelles comptent 25 élèves et plus (57% à 25 élèves et plus, 8,5% à 30 élèves et plus et 2,4% à 34 élèves et plus…) et près du quart des classes d’élémentaires (22,8%) comptent 25 élèves et plus. Pour alléger les effectifs de ces 85 000 classes en deçà de 25 élèves, il faudrait créer 17 000 postes.
« Plus de maîtres que de classe » dans chaque classe
Pour permettre à chacune des 244 000 classes d’école primaire de bénéficier d’un maître supplémentaire une journée par semaine, il faudrait créer 54 000 postes. Un ciblage, dans un premier temps, sur les seules classes de CP-CE1 nécessiterait tout de même la création de 16 000 postes.
Des pré-recrutements dès la première année licence
Un volume de 10 000 pré-recrutements par session de concours, couvrant l’ensemble des études supérieures jusqu’au concours, une rémunération de 1000 euros mensuels représente 480 millions d’euros par an. Pour l’instant, le gouvernement ne prévoit en guise de pré-recrutements que les seuls « emplois avenir professeur » qui ne sont qu’un complément de bourse destiné aux étudiants boursiers et surtout ils ne concerneront que seulement 6 000 étudiants cette année et 18 000 dans 3 ans…
20 milliards pour les entreprises et même pas 2 pour l’école ?!
Ces 80 000 postes à créer représentent un coût global d’un peu plus de 2 milliards d’euros, soit un peu plus de 10% de l’énorme cadeau fiscal consenti au patronat, sans contreparties, par le gouvernement Ayrault dans un soi-disant « pacte de compétitivité » que les salariés vont payer au prix fort avec une hausse de la TVA et une nouvelle baisse drastique des dépenses publiques.