Dans leur introduction les rapporteurs du thème assurent que « le SNES doit être à l’initiative d’une dynamique collective autour d’un nouveau « plan pour l’éducation » qui repenserait le rôle et la place de l’École dans les évolutions de la société, à l’image de ce que fut en son temps le plan Langevin-Wallon ». Rappelons ici que ce plan avait pour ambition une refondation complète du système éducatif. On peut s’étonner ici que face aux attaques que subit celui-ci depuis trop longtemps, ce ne soit pas la FSU qui soit à l’initiative d’une telle refondation.
La conséquence d’un tel cavalier seul du SNES est la focalisation sur le lycée général et technologique, poussant la précision jusqu’à des propositions de grille horaire pour la seconde. Dans le cadre de « l’égale dignité des trois voies », les rédacteurs affirment « refuser les fatalismes sociaux et scolaires ». Mais la pérennité des trois voies n’est elle pas un magnifique exemple de fatalisme social ?
Sans exiger tout de suite le lycée unique, et puisque dans le 8 pages spécial lycées, le SNES nous y invite, « rêvons » pour le collège unique d’un enseignement polytechnique et polyvalent pour tous susceptible de « rompre avec le préjugé antique d’une hiérarchie entre les tâches et les travailleurs » (L-W). Dans ses hypothèses pour la seconde, le SNES se prononce pour l’obligation faite à tous les élèves de suivre un enseignement technologique, ce qui est une bonne chose. Pourquoi pas la même obligation pour un enseignement professionnel ? « Le travail manuel, l’intelligence pratique sont encore trop souvent considérés comme de médiocre valeur. L’équité exige la reconnaissance de l’égale dignité de toutes les tâches sociales, de la haute valeur matérielle et morale des activités manuelles, de l’intelligence pratique, de la valeur technique » (L-W). Allons plus loin : si tous les élèves, jusqu’à la terminale, suivent des enseignements professionnel et technologique (8 heures par semaine), ça laisse tout de même 24 heures pour la spécialisation tant vantée par le SNES. On pourrait imaginer des enseignements professionnels « en écho » avec des enseignements généraux (métiers de l’imprimerie et littérature, horticulture et SVT, communication graphique et sociologie,…).
Une telle réforme nécessiterait bien sûr des moyens, mais aussi une réflexion sur les contenus, les incidences sur nos métiers (missions, statuts). Il me semble que c’est le rôle du syndicat et de la fédération.
Yves Cassuto Ecole émancipée (Nancy)