Propositions de modifications statutaires – Visibiliser et nommer les discriminations que subissent les personnes racisées dans le syndicat, à l’école et dans la société

Audrey Oualid et Mina El Azzouzi (Créteil)

Nous intervenons pour présenter et expliquer la première proposition de modification statutaire. Nous remercions le S4 de nous donner du temps et la possibilité de vous parler de ces questions, qui sont essentielles. Car le Congrès National est, pour nous, une occasion de débattre et de faire évoluer les positions de notre syndicat qui, rappelons-le, est un syndicat de transformation sociale !

Dans le secteur Femmes de l’académie de Créteil, un travail conjoint de militant·es de différentes tendances, nous a permis de visibiliser et de nommer des discriminations : sexisme, LGBTIphobie, racisme, validisme.

La FSU-SNES a commencé à s’outiller pour défendre les droits des femmes. Pourquoi ne pourrait-il pas en être de même pour les autres types de discriminations ? Il nous faut donc aller plus loin maintenant. C’est ce sur quoi nous nous sommes mandaté·es à Créteil.

Il nous faut ainsi œuvrer avec rigueur. C’est pour cela que la modification de nos statuts est une condition pour mener ce travail ambitieux et complexe – travail plus que nécessaire dans cette période politique réactionnaire et islamophobe.

Pour agir, il faut commencer par identifier et nommer les discriminations. Être conscient·e des discriminations, que l’on subit ou celles que l’on véhicule malgré nous, est la première étape pour construire la lutte.

La deuxième étape est de reconnaître ces discriminations, de les comprendre, et ce, pour les déconstruire. Par exemple, François Héran, sociologue et professeur au Collège de France, déclare : « La question des discriminations est aujourd’hui l’objet d’une méconnaissance générale (…) Celle-ci se démontre par des méthodes rigoureuses. Or, nous disposons désormais de données accablantes sur leur ampleur en France. ». Ainsi, à diplôme égal « les chances d’obtenir un entretien d’embauche, un logement ou un crédit sont divisées par deux ou par trois, si l’on a le malheur de porter un signe perceptible qui vous relie à une origine maghrébine, subsaharienne : prénom, patronyme, pays de naissance, apparence physique, accent, habitat ».

Ces propos nous interpellent et nous obligent. En tant que femme, homme, citoyen·nes, militant·es, personnel·les de l’Éducation Nationale, nous devons nous saisir de ces enjeux !

Dans le champ syndical, ces questions sont rarement abordées, pourtant elles sont partout dans nos salles de classe, nos salles des profs, nos enseignements, nos représentations.

Nous tou·tes, en tant que militant.es syndicales, sommes engagé·es contre les racismes, toutes les assignations, toutes les essentialisations ! Les discriminations font système, devenant racisme systémique et engageant l’État. C’est donc contre tout un système qu’il nous faut combattre !

Nous demandons à ce que la dimension intersectionnelle des luttes soit davantage prise en compte et que notre syndicat s’associe pleinement aux luttes antiracistes et féministes.

Ne laissons pas ces questions sur les discriminations racistes hors du champ syndical, car les traiter comme secondaires, c’est laisser la part belle à ceux et celles qui les instrumentalisent.