Débat action – Prendre nos responsabilités dans notre champ n’est pas fragiliser l’interpro

Damien Besnard (BN, Créteil)

Pour alimenter la mobilisation retraites, la stratégie syndicale doit s’élaborer dans deux cadres : celui de l’intersyndicale éducation d’une part, et de l’interpro nationale d’autre part, en articulant les deux et sans considérer que nous ne pesons rien dans ce dernier cadre. Cette articulation n’est pas à penser uniquement en terme de calendrier ou d’opportunité. Le SNES-FSU doit d’abord œuvrer à renforcer dans son champ le mouvement contre la réforme des retraites. Et proposer cela, ce n’est en rien affaiblir la mobilisation de l’Interpro nationale. 

Ainsi, la grève du bac a-t-elle permis ces derniers jours de ponctuer la mobilisation avant la journée nationale de jeudi prochain ; et de mettre également le projecteur médiatique sur les conséquences concrètes qu’une grève pouvait avoir dans l’éducation. Nous ne sommes pas les « supplétifs/ves » du mouvement ; nous ne sommes pas les seul-es à avoir un réel pouvoir de blocage dans l’organisation de la société au quotidien. Quand les raffineurs ou les éboueurs décident de cesser la production, ou de partir en reconductible, nous ne les accusons pas d’affaiblir la stratégie de l’interpro, bien au contraire. 

En ayant la force d’être à l’initiative, le SNES-FSU peut se donner les moyens d’assumer sa place dans notre champ de syndicalisation, tout en nous donnant collectivement les moyens d’agir pour que nos luttes sectorielles soient un moteur de l’interpro, et nous assurer ensuite une victoire sur la réforme des retraites. 

C’est même sans doute la condition pour arriver ensuite en position de force face au MEN et gagner sur le terrain sectoriel, à commencer par la revalorisation salariale, grâce à ce que nous aurons pris la peine de construire au sein de l’intersyndicale éduc. 

Certain·es jeunes collègues, se sentant moins concerné.es par la retraite,  rejoindront le mouvement si le SNES-FSU est à l’initiative dans son champ pour les convaincre qu’iels sont aussi concerné·es par le choix de société inégalitaire que Macron promeut à travers sa réforme des retraites.