Viviana Le Goff (Nantes)
Au mois de Janvier, notre ministre très éphémère a eu le mérite de mettre en lumière les pratiques de ségrégation scolaire et d’entre-soi théorisées par Pierre Bourdieu dans les années 70 ; pratiques dont nous avons pu constater qu’elles sont très loin d’avoir disparu.
Quelles que soient les mesures prises pour modifier la carte scolaire, pour créer des établissements porteurs d’une vraie mixité sociale et scolaire, tant qu’il restera l’option du privé, certaines familles refuseront toujours de jouer le jeu et privilégieront toujours l’entre-soi.
Tant que les enfants des ministres seront scolarisés en dehors du système scolaire public, tant que les enfants des élites ne subiront pas le manque de moyen, les chocs des savoirs, les réformes, imposées à l’école publique mais soigneusement aménagées, contournées ou évitées par les établissements privés (qui ont conservé les classes bilangues quand nous supprimions les nôtres en 2016, par exemple), les gouvernements continueront leur travail de destructions du service publique d’éducation nationale, puisque leurs enfants et ceux de leurs alliés resteront hors d’atteinte de leurs mesures délétères.
Aussi, pour que la mixité puisse un jour être réelle, pour que chaque établissement scolaire reflète la société dans laquelle il est installé, et permette aux citoyen·nes de demain d’apprendre aujourd’hui à vivre et travailler ensemble, il est indispensable de mettre fin à l’enseignement privé. De plus, largement confessionnel en France, ces établissements privés sont une insulte à la laïcité que nous défendons.
À ce titre, nous sommes absolument favorable à tout mandat qui permette d’envisager la fin de ce système qui favorise le séparatisme scolaire en France : de la création d’un service public d’éducation aux mandats de nationalisation sans indemnité ni rachat, en passant par la nationalisation « tout court ».
Le contexte actuel nous impose de nous doter de ce mandat cette année.