Tout le monde a encore en tête les images des propos islamophobes et sexistes d’un élu RN au conseil Régional de Bourgogne à l’égard une mère voilée qui accompagnait une sortie scolaire.
Mais avant cet odieux épisode, Laurent Bouvet, membre du Comité des sages de la Laïcité, fondateur du printemps républicain, a condamné violemment une affiche de campagne de la FCPE présentant une mère voilée.
Le ministre lui-même s’est senti obligé de faire part publiquement de sa position personnelle sur le sujet.
Dans la foulée, le Sénat, a voté une loi pour de nouveau exclure les mères voilées des sorties scolaires.
Est-ce qu’il viendrait à l’idée de celles et ceux qui affirment que les accompagnatrices scolaires voilées renvoient un message d’intégrisme ou de soumission de s’interroger sur la longueur de la barbe des pères ou de la perruque des mères juives ?
Cette instrumentalisation de la laïcité, à des fins politiques et électoralistes vise évidemment la division de la société, la stigmatisation d’une partie de la population.
Ces agissements intolérables constituent une attaque violente contre toute la communauté éducative.
Elle permet de détourner les citoyen·nes des véritables problèmes auxquels la société est confrontée et d’éviter la désignation des véritables responsables.
Pour ne pas tomber dans l’écueil des opinions que nous pourrions avoir les un.es et les autres sur les religions, sans s’interdire la critique de celle-ci, il est préférable de se placer sur le terrain de la lutte des discriminations, du côté de celles et ceux qui les subissent, pour ne pas donner de grain à moudre à celles et ceux qui veulent attiser les discours de haine et de rejet.
Exclure les mères voilées des sorties scolaires c’est leur infliger une discrimination humiliante mais c’est aussi leur renvoyer ainsi qu’à leurs enfants, le message qu’elles/ils ne sont pas dignes d’être intégré.es à la communauté scolaire. C’est entrer dans une spirale infernale d’exclusion.
Exclure les femmes voilées des sorties scolaires, c’est s’éloigner de l’objectif d’une société inclusive.
Quand des femmes accompagnent les sorties scolaires, elles s’impliquent bénévolement dans les activités pédagogiques dont l’organisation reste de la seule responsabilité des enseignant·es. C’est d’une parentalité citoyenne et militante dont on parle.
Les empêcher de le faire mettrait évidemment en difficulté les équipes enseignantes dans la mise en œuvre du lien école famille indispensable pour favoriser l’entrée dans les apprentissages des enfants et éviter certains conflits de loyauté.
Pour toutes ces raisons, il est fondamental de défendre une laïcité qui refuse les logiques d’exclusion et de bouc émissaires.
Une laïcité d’ouverture qui n’exclue aucune famille de l’école.
Une laïcité qui fait confiance aux enseignant·es pour faire face au prosélytisme.
Lutter contre l’instrumentalisation de la laïcité c’est rappeler notre attachement à l’esprit de la loi de 1905 qui garantit à chacun·e la liberté de conscience et participe, avec d’autres principes comme l’égalité, à créer un cadre favorisant le lien social sans exclure qui que ce soit.
Sophie Abraham