Depuis des mois la rue voit défiler par vagues régulières tou-tes les mécontent-es de la politique Macron, celles et ceux qui demandent à juste titre un changement de cap pour plus de justice sociale et fiscale, un meilleur partage des richesses, des actions concrètes pour la transition écologique et une garantie d’accès aux services publics de proximité. Des Gilets jaunes aux manifestant-es pour le Climat, en passant par les fonctionnaires, les retraité-es ou les enseignant-es, tous attendent d’autres engagements des pouvoirs publics.
Après la tenue d’un supposé Grand Débat largement orienté, cousu de fil blanc, aux conclusions tronquées, voilà que lors d’une allocution télévisée largement attendue, Macron persiste et signe sur l’orientation néo libérale de sa politique qui accroît les inégalités et fait peser des risques sur notre modèle social. Ces mesures sont à mille lieues des attentes de milliers de citoyen-nes mais qu’importe… il n’est pas question de remettre en cause une politique fiscalement injuste, qui pénalise les plus pauvres et regraisse les plus fortuné-es. Alors qu’un geste aurait peut-être suffi à calmer le jeu en revenant sur la suppression de l’ISF ou l’instauration de la flat tax, en augmentant la progressivité de l’impôt sur le revenu, Macron justifie ses choix de début de mandature au mépris de toutes celles et ceux qui clament des fins de mois difficiles.
Pire, alors qu’il était attendu sur les services publics et les mécanismes de solidarité, il confirme sa volonté de ne pas remettre en cause son projet de réduction des dépenses publiques, même si celles-ci se solderont par la poursuite de la dégradation de la qualité des services publics. Le projet de réforme de la Fonction publique doit être adopté au pas de charge avant l’été avec toutes les conséquences que cette loi va engendrer pour les agent-es et les usager-es.
Autre leitmotiv : le travail ou plutôt la durée du travail… comme axe central des régressions à venir. Par la mise en place d’un système de retraites par points qui diminuera le montant des pensions et donc incitera à travailler plus longtemps. Mais aussi par la traque aux aménagements à la durée légale, la suppression d’un jour férié. Ces mesures seront bien loin de répondre aux attentes légitimes sur les salaires ou sur la qualité de vie au travail. Quid des privé-es d’emploi, des conditions de travail dégradées, des petits boulots sans qualification qui n’offrent aucune perspective ?
Enfin, les réponses de Macron face à la gravité de la crise écologique frôlent le mortifère : remettons à plus tard les réponses économiques susceptibles de stopper les dégâts et gardons notre pleine et entière liberté d’entreprendre, fusse-t-elle au prix de bousiller toute la planète.
Même si les mobilisations l’obligent à prendre quelques mesures d’urgence, Macron garde le cap fixé. La macronie est loin d’être déstabilisée par les contestations en cours, le bloc est soudé comme l’a montré le soudain extraordinaire regain pour le patrimoine des groupes du Cac 40 et des grandes entreprises, les mêmes qui exploitent par le travail ou qui détiennent un permis de polluer.
Sauf que surdité et aveuglement ne favorisent pas une bonne lecture de la situation sociale du pays. Et ça Macron ne l’a pas encore compris. Fin de mois, fin du monde, l’urgence reste à la mobilisation. Mouvement des Gilets jaunes, mobilisations sociales, marches pour le Climat, gagnons ensemble un changement de cap.