Motion EE CAN SNES Novembre 2008
CA des 18 et 19 novembre 2008 – Motion « Ecole Emancipée »
Le contexte économique de crise mondiale permet de justifier à lui seul la politique de rigueur budgétaire que le gouvernement aurait, de toute façon, imposée et qui était déjà annoncée. Ainsi, il « faudrait » réduire les dépenses publiques, et par conséquent, supprimer des emplois, et restreindre les coûts. Quelle aubaine pour Sarkozy !
Mais les français ne sont pas dupes : Fillon déclarait la France « en faillite » l’an passé, Sarkozy expliquait il y a peu que les caisses (de l’état) étaient vides, et pourtant, des milliards ont été trouvés, sans problème, pour « sauver » les banques ! Les priorités du gouvernement sont à présent très claires : favoriser une économie ultra libérale, et rompre avec tout ce qu’elle a encore de social.
La politique de l’emploi de Sarkozy renoue avec le social, nous dit-on : le traitement social de l’emploi, pour le gouvernement, c’est le recours à la précarité, et l’assurance, au bout du compte, de la pauvreté : augmentation des CDD, des emplois aidés, de la flexibilité… « Liberté », pour répondre au problème du pouvoir d’achat, de travailler même le dimanche, et de travailler encore, jusqu’à 70 ans.
Dans cette logique, il est clair que l’emploi public est dans le collimateur : en 2008, 11200 postes ont été supprimés dans l’éducation nationale, il y en aura 13500 en 2009. Un départ en retraite sur deux, au moins, n’est pas remplacé, les recrutements se tarissent, et le recrutement au Master ne va rien arranger. Les remplacements, ne sont plus assurés, si ce n’est par des personnels précaires ; les enseignants sont affectés sur plusieurs établissements, et enseignent devant des classes aux effectifs chargés, aux horaires d’enseignement réduits… L’emploi public est mis à mal dans l’éducation, et la récente saignée budgétaire en annonce malheureusement d’autres puisque la RGPP prévoit 80000 suppressions de postes d’ici 4 ans.
Cet automne est donc très « chargé » socialement ; les attaques du gouvernement se succèdent, elles sont multiples et nombreuses, et les mouvements sociaux ne manquent pas ; les salariés ont participé, de façon mitigée, à la journée interprofessionnelle sur le travail décent, le 7 octobre ; les personnels de la Justice se sont mobilisés contre la politique de Rachida Dati, ceux de Météo France ont eux connu une grève très dure.
Les plans sociaux dans l’industrie automobile, et dans le bâtiment ont suscité de vraies colères parmi les salariés privés d’emploi. L’allongement de la durée possible du travail à 70 ans a provoqué une grève très suivie à Air France. A la SNCF aussi, les agents seront en grève à partir du 23 contre la dégradation de leurs conditions de travail. Les mobilisations citoyennes contre le fichier Edvige, et contre la privatisation de la Poste n’ont pas encore gagné, mais elles ont déjà permis de faire reculer le gouvernement sur ses projets. Les luttes pour les sans-papiers ne faiblissent pas, et permettent d’éviter des expulsions. Le climat est à la révolte, à la lutte !
La CA du Snes appelle les personnels à investir les initiatives unitaires de défense de la Poste, et plus particulièrement les manifestations du samedi 22 novembre.
Elle soutient tous militants des RESF et appelle les personnels à rejoindre ces réseaux pour empêcher par une mobilisation citoyenne les expulsions de sans papiers.
Au niveau du dialogue social, les attaques sont très graves, dans le service public aussi, et la note de service sur le mouvement 2009 ne peut que nous inquiéter : le rôle des commissions paritaires y est nié, et les droits des personnels sont malmenés… Le barème perd de sa suprématie, son caractère indicatif pour les mutations est renforcé, ce qui ouvre la porte à toute sorte d’affectations de « copinage » sous prétexte de profilage de poste. Si l’égalité de traitement n’est pas respectée pour les mutations, elle n’existera plus non plus pour l’enseignement (égalité de l’offre de formation sur le territoire), et c’est l’élève au final qui en pâtira.
Afin de défendre les droits des personnels, et de garantir un même accès à l’éducation pour les élèves, la CA du Snes appelle à signer et à faire une grande campagne de signatures de la pétition en ligne sur le site.
Dans l’éducation, La loi Fillon n’en finit pas de se décliner, sous le règne de Sarkozy, à raison d’une quantité d’attaques à tous niveaux. Darcos entend modifier en profondeur le système éducatif, non seulement réduire l’emploi public mais aussi rompre avec une politique éducative ambitieuse et démocratisante.
Pour ce faire, il s’attaque à tous les niveaux de l’enseignement, en toute logique, en toute cohérence.
• Dans le premier degré, Darcos s’attaque au droit de grève avec le SMA, il supprime les 60 heures du samedi matin pour tous, en dispensant une aide pour certains, dans les plus mauvaises conditions, il supprime les Rased pour récupérer des moyens, il multiplie les insultes et le mépris à l’égard des personnels.
• Dans le supérieur, la LRU s’applique désormais, et l’autonomie des universités est le vecteur qui permettra de créer toujours davantage d’inégalités, en termes de qualité, et aussi d’offre de formation, d’une université à l’autre.
• Dans le secondaire, les lycées connaissent une zone de turbulences sans précédent :
– à la rentrée 2008, des formations en LP, des BEP, ont été supprimés en nombre ; les Bac Pro 3 ans se sont imposés à de nombreux endroits, tout cela en hâte, et dans le plus grand désordre : pas de programmes pour ces nouveaux bac pro, pas de cadrage national, pas même de décret d’application ! Le MEN outrepasse toutes les règles, dans sa volonté de réformer au pas de charge, et fait preuve du plus grand mépris à l’égard des élèves.
– Le lycée général et technologique est sur la sellette lui aussi : Darcos prévoit une refonte complète des enseignements aussi bien au niveau des horaires, de l’organisation (semestrialisation et modularisation) que du contenu. Afin de favoriser l’autonomie, l’élève aurait donc à choisir son « parcours » de réussite. Il est clair que les élèves les mieux renseignés seront les plus autonomes et que les parcours de réussite ne seront accessibles qu’aux initiés… Darcos parle de « démocratisation » du lycée, mais il supprime des heures d’enseignement, des disciplines entières, et n’évoque pas les dédoublements, met en péril la qualité du Bac en tant que diplôme national et anonyme….C’est au contraire un lycée de la sélection qui verra le jour…. Quant aux personnels, les annonces alimentent les inquiétudes les plus grandes : quelle organisation des services avec la semestrialisation des enseignements ? Quels postes supprimés avec la disparition de certaines disciplines ? Quels personnels pour l’accompagnement (3 heures / semaine) ? Inquiétudes alimentées par le fait que le ministre ne s’exprime QUE sur la classe de seconde, ce qui laisse planer toutes les menaces sur le cycle terminal. Cette contre réforme est donc, à plus d’un titre, inacceptable.
La CA du Snes décide de ne pas revenir dans les discussions avec le ministre sur la réforme du lycée ; le Snes exige l’abandon du projet actuel et la mise en place d’une large concertation avec l’ensemble des enseignants du second degré. Si le ministre maintient le passage en force, il appellera les collègues à s’opposer collectivement à sa mise en place.
• Au collège, les conditions d’enseignement ne cessent de se dégrader : multiplication des postes à compléments de service, nombre d’HS imposées, et cette année, accompagnement éducatif généralisé à tous les établissements. Les moyens, et le sens même de l’école, sont « détournés »vers le péri-scolaire. Le travail dans la classe est dégradé, les « activités » après la classe sont développées. Les enseignants sont vivement incités à y participer, en plus de leur travail : il leur faut toujours « travailler plus » et qui plus est, accepter des tâches qui dénaturent les missions. C’est insupportable.
• Pour achever la destruction de l’édifice, Darcos s’attaque au recrutement : en effet, en « asséchant le vivier », il signe la fin du statut, de la formation, du métier. Darcos, avec la masterisation, met en place le recrutement à Bac +5 : il allonge la durée d’études sans pour autant garantir une quelconque revalorisation pour les néo titulaires, et il supprime la formation professionnelle au profit d’un simple « compagnonnage ». Les enseignants seraient donc moins formés, moins qualifiés, les contours des futurs concours et futurs masters étant plus réduits…Ils seraient également moins recrutés à l’issue des concours, et le ministre peut donc tabler sur un vivier important de personnels précaires, variable d’ajustement, corvéables à merci.
La CA du SNES appelle à un moratoire d’un an sur la masterisation avant toute réforme.
La politique mise en oeuvre est globale : les personnels saisissent à présent la cohérence des attaques, et c’est la raison pour laquelle ils se sont mobilisés, tous ensemble, lors de la manif du 19 octobre, à Paris.
Jeudi 20 novembre, c’est encore une fois tous ensemble, 1er et 2nd degrés, supérieur, personnels, lycéens et étudiants, dans l’unité syndicale, qu’ils seront en grève pour défendre le service public d’éducation, ses missions, et le statut de ses personnels.
La CA du Snes appelle tous les personnels à faire de la journée du 20 une réussite et à marquer par une grève massive le début du grand mouvement pour l’Ecole dont nous avons besoin.
L’action des personnels ne doit pas s’arrêter là : ils doivent rester mobilisés, et c’est aussi l’opinion publique qu’il faut gagner. Aux côtés des parents, avec les lycéens et les jeunes, les actions doivent se poursuivre.
La CA du Snes appelle les personnels en grève à participer aux AGs de grévistes pour y débattre des suites nécessaires.
Le SNES appelle dès aujourd’hui à reconduire l’action en associant au maximum les parents d’élèves. Comme en Italie, où la grève générale dans l’éducation a mis 2,5 millions de personnes dans la rue, nous devons nous inscrire dans la durée, mettre en place des actions à destination de l’opinion publique, organiser des occupations d’écoles et des manifestations avec les parents.
Pour organiser cette résistance et la faire converger, le SNES estime qu’une nouvelle journée de grève est nécessaire.
Dans cette optique :
– il appelle les AGs à débattre de la reconduction du mouvement.
– il convoque une unitaire du second degré dès le 20 au soir dans laquelle il proposera une nouvelle date de grève la semaine suivante.