Motion Action EE CN du SNES des 26 et 27 Juin
MOTION ACTION Ecole Emancipée – CN du SNES des 25 et 26 Juin 2007
Les élections présidentielles ont été marquées par un taux de participation record. Les Français ont voté massivement pour un candidat de droite, qui avançait des idées de “ rupture ” (sans tirer le bilan de sa participation au gouvernement précédent), et communiquait à force de slogans réactionnaires: “ la sécurité ”, “ l’autorité ”, “ la lutte contre l’immigration ”, “ la valeur travail ”, “ travailler plus pour gagner plus ”, “ la France de ceux qui se lèvent tôt ”…
Au lendemain de ce cycle électoral, sans remettre en cause la victoire de la droite, amplifiée par un mode de scrutin injuste, la faible participation aux législatives et la perte par l’UMP d’une cinquantaine de sièges par rapport 2002 lui retirent une grande partie de la légitimité à appliquer son programme. Ce recul a été permis notamment par la mise en avant des questions sociales (TVA sociale, lutte chez Kronenbourg sur les heures supplémentaires, pouvoir d’achat) entre les deux tours. Il marque très tôt la fin d’un état de grâce et doit servir de tremplin aux luttes à venir.
Le gouvernement tente d’entraîner le mouvement syndical dans une logique de pseudo “ dialogue social ”, prélude aux diagnostics partagés et autres livres verts, servant ensuite à légitimer toutes les contre réformes annoncées. Dans les semaines à venir, il faudra être très vigilant à ne pas laisser croire que nous nous en satisfaisons, alors même qu’aucune véritable négociation n’est prévue. Le mouvement syndical tirera sa légitimité et sa force des mouvements sociaux. L’enjeu de la période est donc d’arriver à construire un véritable rapport de forces pour contrer les projets présidentiels sur lesquels il n’y a aucun doute à avoir.
En effet les mesures déjà annoncées par le gouvernement sont autant d’attaques contre le droit du travail et la protection sociale : instauration d’un service minimum, réforme des régimes spéciaux de retraite… La suppression de certaines recettes de l’Etat au bénéfice d’une minorité (défiscalisation des heures supplémentaires, réduction du bouclier fiscal, des impôts sur la succession…) s’accompagnera d’une taxation accrue de la majorité au travers d’impôts injustes (TVA, fiscalité locale, franchise médicale) et d’une réduction des dépenses : un fonctionnaire partant en retraite sur deux non remplacé (35 000 postes supprimés en 2008 !), appauvrissant tous les services publics.
Dans l’éducation, le président a lui-même annoncé la suppression du décret de Robien le lundi 11 juin. Il a également rappelé ses projets pour le système éducatif : si certains nous satisfont (suspension de l’apprentissage junior), d’autres en revanche méritent qu’on se mobilise contre eux : assouplissement de la carte scolaire, remise en cause de l’éducation prioritaire, prédominance du socle, allongement des services (abondance de HS), diminution des horaires élèves, réduction de l’offre de formation sur tout le territoire, autonomie des universités, etc.
Ce retrait dont on ne peut que se féliciter est bien entendu à mettre sur le compte de la mobilisation des derniers mois. Cependant, non accompagné de créations de postes et compensé par des heures supplémentaires, ce recul s’inscrit pleinement dans le slogan du « travailler plus ».
Le rapport Darcos est la principale source d’inspiration de la politique éducative du gouvernement actuel. Il préconise une refonte complète de nos métiers à partir d’une redéfinition de nos missions ayant pour conséquence une aggravation de notre charge de travail, compensée par une éventuelle revalorisation salariale. Ces dispositions ne peuvent qu’accompagner une dégradation du service public d’éducation. Il est essentiel que le SNES informe les personnels sur le contenu de ce rapport, et en pointe les dangers : il publiera à cet effet une US spéciale dès la rentrée, avec ses commentaires sur le texte, afin d’armer les collègues.
Le SNES appelle à mobiliser les personnels sur les questions d’emploi :
– Il s’engage dès maintenant à mener une campagne d’ampleur d’information et d’action sur les heures supplémentaires ; il appelle les collègues à dénoncer, notamment dans les CA, l’utilisation qui sera faite des HS si elles ne font pas l’objet de créations, au moins, de BMP, ou au mieux, si elles n’impliquent pas la restitution des postes supprimés par mesures de carte scolaire. Il rappelle que l’on ne peut pas imposer aux enseignants plus d’une heure supplémentaire et il appelle les collègues à refuser collectivement toute heure supplémentaire non obligatoire, et ce dès maintenant, sur leurs fiches de voeux, dans les conseils d’enseignement, et les engage à déposer des motions en ce sens dans les CA.
– Il dénonce toujours de la situation des personnels précaires de vie scolaire (AED, CAE, EVS non prolongés) et plus largement de la situation de tous les précaires. Le non renouvellement de leur contrat va précipiter un grand nombre d’entre eux au chômage. Le SNES exige dans un premier temps le réemploi de tous ces personnels à la rentrée 2007 et leur titularisation avec droit à formation. Il engagera à la rentrée des actions avec les non titulaires dans les académies..
Pour la rentrée, il appelle également les collègues à refuser dès maintenant les charges de professeurs principaux de 3ème et de 1ère, afin de refuser le transfert des missions des COPsy aux enseignants.
Le SNES est conscient que le retrait du décret de Robien a été le fruit d’une mobilisation de longue haleine, et que les seules tables rondes ne suffiront pas pour faire valoir notre conception du métier. Il n’entend pas en rester là, il veut également faire valoir ses projets en terme de politiques éducatives, et pour cela, il lui faut travailler avec l’ensemble de la fédération, et également avec les parents d’élèves. Sur la question de la carte scolaire, le SNES organisera avec ces partenaires des réunions publiques pour en expliciter les enjeux, dénoncer les méfaits de son assouplissement, et faire des propositions pour une véritable politique de mixité sociale.
Dans la perspective d’une action d’ampleur au plus tôt au cours du premier trimestre, la SNES organise des assemblées générales de rentrée dans les établissements afin de faire le point sur la situation après la session parlementaire d’été et organiser les mobilisation qui s’imposent.
Les zones d’éducation prioritaire ont déjà été mises à mal l’an passé avec l’instauration des réseaux « ambition réussite » (déréglementation, profilage des postes, révision à la baisse des exigences pour les élèves, ghettoïsation accrue) ; aujourd’hui, l’éducation prioritaire est dans la ligne de mire par l’assouplissement de la carte scolaire, et en l’absence de toute véritable relance la concernant. Le SNES mettra tout en œuvre pour obtenir une véritable politique ambitieuse de l’éducation prioritaire et pour obtenir, conformément à ses mandats, la suppression du dispositif « ambition réussite »
La situation des élèves sans-papiers et de leur famille requiert toujours et encore notre solidarité active : le chef de l’état a rappelé ses engagements et compte bien réaliser l’objectif des 25000 reconduites à la frontière programmées pour l’année 2007. Les militants des RESF se battent au quotidien pour empêcher les expulsions et obtenir les régularisations. Le Snes est partie prenante de ces réseaux et assurera la défense et la protection des élèves, y compris au-delà du 30 juin !
Le Snes appelle tous les collègues à rejoindre les RESF et à assurer la défense des élèves et des familles menacés d’expulsion ; il appelle à la plus grande vigilance pendant toute la période estivale, et engage les collègues à créer des chaînes de solidarité. En cas de difficultés et de répression, le Snes assure les collègues qu’il leur viendra en aide et leur assurera une protection syndicale.