Le 14 septembre dernier,
le Haut Conseil de l’Éducation
a rendu un assez mince
« Bilan des résultats de l’école-2011 » sur « Les indicateurs relatifs aux acquis des élèves »(1).
Les termes employés ci-dessus
sont – à eux seuls – révélateurs
du chemin qu’emprunte de gré
ou de force l’École aujourd’hui.
Chemin qui est parsemé de hauts conseilleurs, qui établissent des bilans – au sens comptable du terme – après avoir étudié des indicateurs censés mesurer les compétences acquises par telle ou telle tranche d’élèves.
Nous sommes dans une école de l’audit, du redressement judiciaire, de l’évaluationnite aiguë, parfois même compulsive…
Bref, l’École serait un corps malade qu’il suffirait de barder de thermomètres pour le soigner.
Il nous faut rappeler que ce Haut Conseil de l’Éducation a été institué par l’article 14 de la loi d’orientation et de programme pour l’avenir de l’école du 23 avril 2005(2), dite Loi Fillon.
L’objectif était de contenir le Conseil Supérieur de l’Éducation (CSE) dans des missions subalternes.
Car, pour la Loi Fillon, le défaut majeur du CSE, c’est sa composition : des représentants des personnels de l’Éducation Nationale, des parents d’élèves, des lycéens, des collectivités territoriales, tous choisis par les organisations représentatives, syndicats et associations, alors que les membres du Haut Conseil sont désignés par le Président de la République, le Président de l’Assemblée Nationale, le Président du Sénat et le Président du Conseil Économique Social et Environnemental.
Bref, à priori, un gage de « sagesse » et de « modération »…
Le HCE contre les évaluations ?
Il nous faut tout d’abord regretter l’analyse simpliste mise en avant par les principaux syndicats enseignants du primaire : ils se sont réjouis d’un désaveu émis par le HCE à propos de la pertinence des évaluations nationales CE1 / CM2.
S’il est vrai que le bilan du HCE n’épargne pas « des indicateurs partiels, peu exigeants, et donc trompeurs quant à la maîtrise du socle commun », nulle part il ne remet en cause le pilotage par les résultats : il regrette simplement que l’outil des évaluations CE1 / CM2 soit finalement si peu performant… pour mener à bien ce pilotage…
La remise en cause du HCE ne porte que sur l’outil utilisé, pas sur les finalités des évaluations nationales ni des livrets personnels de compétences.
Une agence de l’évaluation ?
Dans son bilan, le HCE tente de redéfinir les indicateurs avant de conclure :
« Pour tirer le meilleur bénéfice de ces indicateurs et permettre des comparaisons cohérentes, le Haut Conseil de l’Éducation souhaite qu’ils soient compatibles avec les évaluations internationales de l’OCDE […] ou de l’Union européenne. Cette exigence de cohérence est logique dans la mesure où le socle commun est l’adaptation française du cadre de référence européen des compétences-clés. […]
Il est en effet nécessaire que notre pays s’efforce d’atteindre l’objectif stratégique fixé par le Conseil européen de Lisbonne en 2000 : « devenir l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde ».
Le moment est venu de confier à une agence d’évaluation indépendante la mise en œuvre d’un tel programme, comme le suggérait la lettre de mission du Président de la République adressée au ministre de l’Éducation nationale en 2007. « Il est essentiel en effet que, dans notre démocratie, les données concernant les résultats de notre système éducatif soient objectives et transparentes, donc incontestables. »
Nous y voilà donc : le HCE estime que la mission, confiée alors à X. Darcos, n’a pas été menée à son terme.
La casse de l’école par la redéfinition de ses objectifs (Loi Fillon de 2005, Programmes du primaire de 2008), par les coupes claires dans les moyens (suppression de postes, de formation, de crédits pédagogiques), par le retour à l’autoritarisme… n’est pas achevée.
Il faut maintenant déléguer l’évaluation du système (des personnels aussi ?) à une agence indépendante.
Une agence… de notation ? ●
Luc Mamin
1) Pour le consulter : http://www.hce.education.fr/gallery_files/site/21/114.pdf
2) Loi d’orientation et de programme pour l’avenir de l’École parue au JO n°96 du 24 avril 2005