Olivier Thiebaut (Dijon)
Je milite et j’enseigne dans l’Yonne. Un de ces départements qu’enfant nous étions bien en peine de placer parmi les autres sur la porte du frigo après l’avoir reçu en magnet publicitaire. Un département de la France dite périphérique dont le nord appartient à la grande couronne parisienne alors que le sud est en « rural profond » et dont les petits centres urbains s’appauvrissent et se vident. Un département dans lequel beaucoup d’enseignants ne sont que de passage et vivent dans ce contexte morose où le RN prospère. Bien entendu il s’y passe aussi de belles choses y compris un SNES plutôt en bonne santé avec un réseau de S1 reconstitué.
Le début du congrès avait été vivifiant avec la mise en avant du mouvement des camarades du 93 puis les chiffres d’hier m’ont fait perdre le sourire. Très peu de grévistes, moins de 300 manifestants en additionnant les 2 manifestations icaunaises. Pour autant, le mécontentement est là face au manque de moyens, face au choc des savoirs ou face aux conséquences des contre-réformes du lycée. Pour beaucoup de collègues, l’idée de devoir trier les élèves est effectivement un choc, pas des savoirs mais celui du bris de l’éducation nationale, du bris de leurs projets, du bris de leur volonté de sortir les élèves de leur manque d’estime de soi. Ce département c’est l’Yonne mais c’est probablement celui d’autres collègues qui peuvent se reconnaître dans cette description peu enthousiasmante.
Cela pourrait entraîner l’idée que le combat va être trop difficile, qu’un mouvement « dur » est impossible mais c’est une erreur. C’est le manque de perspective concrète qui paralyse les collègues et qui limite la portée des Heures d’Informations que nous avons posées bien que ces dernières aient fait souvent le plein. Les braises de la colère des collègues sont là. Pour les transformer en un feu vif, nous avons besoin d’une étincelle de départ, nous avons besoin que les exemples de tous les mouvements en cours soient listés, diffusés pour faire comprendre que cela a commencé et que nous ne sommes pas seul-es. Nous avons besoin d’un mot d’ordre clair issu de ce congrès pour par exemple rejoindre les collègues du 93 dans la lutte, pour dire clairement « c’est maintenant et c’est pour durer », pour sortir des dates qui s’accumulent mais qui ne sont pas reconduites. Nous avons besoin d’un appel du SNES FSU national à entrer dans la lutte quelles que soient ses formes pour obtenir des avancées et pas seulement pour témoigner de notre inquiétude, c’est à dire d’un appel pour gagner !