Laurence Pontzeele : Se mobiliser pour la formation des enseignant-es

Crise de recrutement, déficit de formation et surcharge de travail pour les étudiant-es et les stagiaires, conditions de travail des formateur-rices dégradées…

Oui. La précédente réforme de la formation des enseignant-es n’a pas atteint les objectifs annoncés et n’est pas à la hauteur des besoins. Elle ne répond pas à l’ambition d’une formation de qualité, levier indispensable pour la réussite de toutes et tous les élèves et la réduction des inégalités.

Le gouvernement entend réformer la formation initiale au prix de fortes régressions : mise en responsabilité d’étudiant-es dès la L2, resserrrement de la formation autour des fondamentaux, modification de la place du concours, mise sous tutelle des ESPE. 4 axes donc qui suivent une même logique : reprise en main du pouvoir d’agir enseignant et contractualisation à tous les étages, suivant ainsi les préconisations d’Action Publique 2022.

Trop de temps a déjà été perdu alors que le gouvernement lui avance très vite puisque cette réforme se mettrait en place dès la rentrée 2019. Cela entraînerait au passage, une année 2020, blanche en terme de stagiaires.
Face à ces attaques d’ampleur, et devant la difficulté de la fédération et de ses syndicats nationaux à engager un véritable travail sur la question, que ce soit en terme d’analyse ou en terme d’action. Formateur-rices, stagiaires, étudiant-es accompagnés d’une partie du mouvement syndical, n’ont pas attendu pour s’organiser et se mobiliser. Que ce soit à l’échelon national ou local.

Nationalement, fin septembre, le SNESUP a organisé une AG de la formation des enseignants avec une quinzaine d’ESPE représentées et des militant-es CGT, SUD, SNES, SNUipp. Elle a débouché sur un « appel des 300 », toujours signable en ligne, qui aujourd’hui a recueilli environ 2 200 signatures . Cet appel, malgrè la proposition du SNESUP, n’a pas été signé par la fédération et ses SN concernés. Notre organisation est donc restée en dehors de cette première étape dans la mobilisation.

Depuis, une intersyndicale nationale de la formation des enseignant-es s’est mise en place réunissant un spectre large : SNESUP-FSU, CGT, SGEN-CFDT, Solidaires, mais aussi la FCPE, les syndicats étudiant et lycéen, UNEF et UNL. Sa 2ème réunion, hier soir, devrait aboutir à un tract appelant à signer l’appel des 300 et à se mobiliser lors du 12/11 dans les ESPE.

Localement, la riposte s’organise aussi.
Besançon, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Créteil, Nantes, La Réunion, Paris, Poitiers, Reims, Rouen… Cest la liste non exhaustive, des nombreuses ESPE qui ont tenu ou vont tenir des AG, des heures d’information syndicales ou intersyndicales pour alerter les collègues et organiser le 12.
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Et chacun redouble d’inventivité pour mobiliser : A Montpellier, l’intersyndicale ESR a proposé d’appeler à la grève le 12 novembre en incluant la réforme de la FDE dans la plateforme revendicative ; à Nancy, les enseignant-es de l’ESPE réuni-es en AG ont décidé d’organiser des réunions ou AG sur tous les sites et de participer à la journée nationale »ESPE mortes » du 12/11 ; une intersyndicale a eu lieu à Cauderan pour organiser une action académique et sur les petits sites le 12 avec l’idée d’occuper l’ESPE ; A Bonneville une AG est prévue sur ces questions et la manif du 12 partira de l’ESPE de Lons…

Au regard de toutes ces initiatives locales et nationales, force est de constater que le SNUipp et la FSU ne peuvent décemment plus rester à la traîne. Les divergences sur certains de nos mandats n’empêchent en rien une analyse fine et un plan d’actions sur ce sujet d’ampleur. Le contexte des élections professionnelles ne doit pas nous museler non plus. Dès le 29 novembre, stagiaires et formateur-rices des ESPE voteront.

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Il est de notre responsabilité au sein du SNUipp-FSU, de partager notre analyse de la réforme auprès des personnels et usager-es des ESPE mais aussi de la profession afin de construire l’action dans l’unité la plus large possible.
Pour ne pas laisser Blanquer avancer seul et sans obstacles, l’heure du réveil doit sonner !