Depuis plus d’un an, le ministère invite les enseignant-es des
premier et second degrés à s’emparer d’une plate-forme
numérique coopérative pour financer des projets de classe ou
d’école, La trousse à projet. Pour ce faire, il est associé à
l’Office central de la coopération à l’école (OCCE), le réseau
Canopé, le Crédit coopératif ainsi que le Fonds pour le
numérique à l’école. Le but est de « mobiliser des
financements pour concrétiser des projets pédagogiques et
éducatifs au bénéfice des élèves scolarisés au sein d’écoles
ou d’établissements du service public de l’enseignement ».
Si la dimension coopérative de cet outil peut séduire et si les
partenaires associés à l’opération sont déjà présents dans
l’école, on a tout à craindre de ce ministère capable de se
saisir des principes qui ont constitué le socle de l’engagement
militant des instituteurs/trices dans l’école (l’OCCE a été
fondée en 1948 sur des bases posées dès 1928) pour les mettre
au service d’une toute autre idéologie venue droit des pays
anglo-saxons. Si pour l’OCCE, les projets et leur élaboration
démocratique doivent primer sur la collecte de fonds, cette
plate-forme peut très vite devenir l’outil qui autorise et
facilite le mécénat et ainsi, l’entrée à grande échelle de
fonds privés marchands (petites et grandes entreprises) dans la
réalisation de projets pédagogiques. L’actuel plafonnement des
dons, donnant droit à avantages fiscaux, n’autorise pas encore
de dérives regrettables mais… la vigilance s’impose dans un
marché scolaire de plus en plus ouvert.
Claude Gautheron