- Intervention de l’équipe nationale – Conseil national de la FSU-SNUIPP de mai 2023 –
Dix ans… c’est le temps qu’il aura fallu à l’exécutif pour déconstruire les orientations de la mission interministérielle Komitès sur la professionnalisation des auxiliaires de vie scolaire, en projetant de faire disparaître les AESH à l’horizon 2027. C’est le fond de la mesure de la Conférence nationale du handicap qui projette de réformer le cadre d’emploi des AESH. La création d’un métier d’accompagnant à la réussite éducative (ARE), qui regrouperait les emplois d’AESH et d’AED, renvoie au temps des emplois jeunes et des aides éducateurs qui se caractérisaient déjà par des missions aux contours mal définis. Cette annonce remet en question la spécificité de l’accompagnement des élèves assuré par les AESH, sans lesquel·les l’école inclusive ne pourrait pas être possible. Elle se double d’une perspective de temps complet et d’évolution professionnelle par une prise en charge des enfants en dehors de l’école, soit une transformation radicale de la nature de leur activité.
Dix ans… c’est le temps qui aura été nécessaire pour maltraiter encore plus des agent·es pourtant essentiel·les au bon fonctionnement du service public d’éducation et les installer dans une précarité pérenne et institutionnalisée. Hormis la perspective d’accès à un CDI, avancée aujourd’hui après trois années de services effectifs, aucun arbitrage n’a été pris pour augmenter les salaires, favoriser l’emploi à temps complet, et améliorer les conditions de travail des AESH. Les premières propositions sur la grille des rémunérations sont inacceptables : elles ouvrent la voie à la création d’une indemnité de fonction quand l’indiciaire n’est pas revalorisé à la hauteur du traitement minimum de la Fonction publique. Quant à la création d’un corps de fonctionnaire, elle a été carrément rayée d’un revers de main par le ministre !
Dix ans… c’est le temps qu’il aura suffi à certain·es de nos collègues pour jeter l’éponge, écoeuré·es du manque de reconnaissance et du mépris qu’ils et elles subissent de la part de l’institution. Les ministres se sont succédé·es sans que cela se traduise professionnellement par un vrai métier ou une place à part entière dans les écoles et établissements scolaires. Aujourd’hui ils et elles sont des milliers à choisir de quitter l’Éducation nationale plutôt que d’attendre en vain des améliorations …
Pour toutes ces raisons, ces nouvelles attaques à l’encontre des AESH nécessitent une réponse forte. Pour cela, des points d’appui existent, notamment politiques, avec lesquels il est nécessaire de nouer des contacts. Mais nous devons aussi construire la riposte en permettant aux AESH de s’organiser et d’agir pour leur avenir. Pour cela il est important de mettre en perspective une journée de grève et de mobilisation avant la fin de l’année scolaire : c’est ensemble, dans l’unité avec les autres organisations syndicales, que nous serons à même de gagner rapidement d’autres orientations pour les AESH et l’école inclusive.