Mort du collège unique, casse du statut enseignant, chefs d’établissements aux pouvoirs renforcés, mise en concurrence et notation publique des établissements, l’UMP veut porter un coup fatal au service public d’éducation.
L’UMP a publié ses propositions pour les présidentielles 2012 en matière d’éducation. Elles se déclinent essentiellement autour de 4 points : la réforme des rythmes scolaires, celle du collège, le management scolaire et la réforme du statut des enseignants.
Darcos avait modifié de manière autoritaire les rythmes scolaires dans le 1er degré (semaine de 4 jours, 2 heures de classe supprimées) pour mettre en place l’aide personnalisée et flinguer ainsi des milliers de postes de Rased.
Aujourd’hui, l’UMP, toute honte bue, fait mine de découvrir que la journée scolaire est trop chargée et veut revenir à la semaine de 4 jours et demi au primaire.
Mais la « vraie » mesure consiste à rallonger de deux semaines l’année scolaire au primaire comme au secondaire.
**Tuer le collège unique
« Il s’agit d’en finir vraiment avec la carte scolaire et d’instaurer une vraie mixité sociale à l’école » en regroupant les enfants par classe et non par secteur dit J.F Copé qui ne manque pas d’air.
En fait il s’agit bien d’un enterrement du collège unique. L’UMP veut expérimenter des collèges par classes en coupant le collège en deux niveaux (6-5ème et 4-3ème) institués dans des établissements différents.
L’objectif est d’introduire une rupture en fin de 5ème pour mettre en place une pré orientation dès la 4ème vers des classes « métiers études » ouvrant vers des CFA.
Ce que veut l’UMP, c’est la relégation et l’éviction, par une orientation précoce, d’une partie des élèves, essentiellement ceux issus des familles populaires. Ce que veut l’UMP, c’est la fin de toute idée de culture commune émancipatrice pour tous les élèves par la mise en œuvre d’une politique scolaire d’apartheid social.
Les écoles primaires deviendraient des établissements et un « contrat d’objectif pourrait être passé avec le directeur de l’école (qui deviendrait un chef d’établissement) afin de responsabiliser chaque école primaire sur ses résultats en matière de maîtrise des fondamentaux ».
Le chef d’établissement embaucherait le personnel et l’évaluerait sur « sa capacité à faire progresser les élèves ». Enfin, les résultats des évaluations nationales de chaque école et de chaque collège seraient publiés permettant ainsi une mise en concurrence généralisée des établissements.
**Casser le statut des enseignants du secondaire
« Il faut réfléchir à un nouveau statut des enseignants qui permette d’intégrer dans les missions des enseignants non seulement les cours mais l’accompagnement : tutorat, orientation, concertation.
Cette redéfinition des missions pourrait aboutir à la création d’un nouveau corps qui concernerait les candidats à l’actuel CAPES et qui serait ouvert aux professeurs certifiés en exercice, sur la base du volontariat ».
Cette disposition a pour objectif la mise en place d’une nouvelle « catégorie » d’enseignants au temps de service rallongé et la mise en extinction des corps existants (certifiés et agrégés). Cette mesure permettrait de supprimer des dizaines de milliers d’emplois à terme.
La plupart de ces dispositifs contenus dans le programme de l’UMP ont déjà été « semés » par Sarkozy durant son mandat et s’inscrivent dans le cadre général des politiques scolaires néolibérales menées en Europe depuis vingt ans.
Elles sont basées sur la mise en concurrence des établissements, des personnels comme des élèves, les cursus à plusieurs vitesses, le socle commun de compétences, notamment. On sait aujourd’hui à quel point cette mise en compétition généralisée ne fait qu’aggraver les inégalités et tirer vers le bas l’efficacité du système.
Christian Navarro