C’est une banalité de dire aujourd’hui que le métier est de plus en plus difficile. En tout cas, qu’il est ressenti par nos collègues comme de plus en plus contraignant, tout en étant de moins en moins valorisant et que ses résultats ne satisfont ni les professionnels que nous sommes, ni la collectivité pour laquelle nous travaillons… Nous avons d’ailleurs ouvert un chantier travail pour observer et analyser ce phénomène.
La logique en place depuis quelques années est d’évaluer les résultats visibles et mesurables de notre travail aux dépens de la découverte, de la curiosité… et de mettre les élèves, les enseignants en compétition sur ces résultats visibles et mesurables. Or, « travailler, c’est combler l’écart entre le prescrit et l’effectif. » Le prescrit est donc de produire des résultats qui sont de l’ordre du quantitatif : résultats PISA, nombres d’heures de travail effectuées en présence ou hors la présence des élèves, voire même, avec m@gistère, à distance… L’effectif, c’est la dure réalité de la classe. Et l’écart à combler devient de plus en plus grand, autant du fait de la réalité du quotidien (effectifs des classes en augmentation, diminution du nombre de postes de RASED par élèves, inclusion sauvage d’élèves en situation de handicap…) que du prescrit qui s’éloigne de plus en plus de notre cœur de métier : faire apprendre.
C’est en ce sens qu’il nous faut entamer une campagne ambitieuse, nous avons, ce matin, commencé à réellement discuter de son contenu, c’est positif. Cette campagne doit être à la fois une campagne de conviction, mais surtout une campagne d’action. « Travailler suppose de passer par des chemins qui s’écartent des prescriptions. Comme ces prescriptions ont en général un caractère normatif, bien travailler, c’est toujours faire des infractions. » C’est bien le sens que nous devons donner à notre action : permettre à l’ensemble de la profession de se réapproprier son travail en faisant fi des prescriptions quand celles-ci s’opposent au bien commun.
Au CN de novembre, j’avais tenté d’attirer notre attention sur le manque d’opérationnalité de la consigne que nous nous étions donné au sujet des APC. Il me semble que nous devons, même si les conditions ne sont pas réunies dès la rentrée, entamer notre campagne en faisant feu de tout bois. Quelque soit le niveau d’engagement des collègues, il faudrait que chacun se sente un peu acteur. Ici, on se réapproprie les 108 heures, là, on met en place un travail avec un mouvement pédagogique, ailleurs, on exige qu’un vrai projet de scolarisation, pas forcément à 100 %, pour un élève handicapé… Et le SNUipp-FSU est à la barre : il a travaillé par exemple avec des DASEN et des équipes de chercheurs pour mettre en place des expérimentations « officielles » avec 6 maîtres pour 5 classes et la liberté d’utilisation des heures de concertation ; et partout, il coordonne et met en valeurs les actions y compris en appelant à des journées spécifiques et en donnant des consignes jusqu’à ce qu’un large mouvement en faveur du service public d’éducation permette d’inverser le rapport de force en faveur des forces de progrès qui permette d’aller vers la satisfaction de nos revendications.