Le projet de nouveau socle commun de connaissances, de compétences et de culture va être soumis très rapidement à la consultation des enseignantes et des enseignants.
Il serait facile, hors de tout contexte, de caractériser ce texte comme bien loin de répondre aux exigences de la démocratisation de l’école. Un seul exemple : il utilise toute la panoplie des termes habituels de l’assujettissement volontaire : « obéissance », « conscience morale », « conformer », « contrôler », « règles de civilité », « bienséance et civilité », « respect des contrats », « bienveillance » mais « gradation des sanctions »…
Oui mais voilà, il y a bien une évolution entre le socle Fillon et celui qui nous est proposé.
Il s’affirme comme « le programme général correspondant aux cycles de l’école élémentaire et du collège », et non plus dans une double prescription socle/programme, avec un socle envisagé comme un SMIC scolaire. Les programmes ont pour fonction de détailler les domaines de formation, par cycle et par disciplines.
Enfin face à une vision réductrice des attendus scolaires contenus dans le précédent socle, celui-ci développe un discours de la complexité, et une affirmation d’ambition haute : ouvrir à la connaissance, former le jugement et l’esprit critique, vivre en société, développer les capacités de compréhension et de création, capacités d’imagination et d’action sont des formules répétées dans le texte. Connaissances et compétences sont sans cesse articulées. Les démarches d’apprentissage doivent être riches de sens et de progrès. On retrouve dans le poids mis sur le langage en tant que moyen de pensée et dans le fait qu’il faille construire dans chaque discipline le langage propre à cette discipline des éléments de complexité qui existaient notamment dans les programmes de 2002 de l’école primaire.
Pour autant, dans l’état actuel de l’école, (budget indigent, formation nulle, volonté politique inexistante, recrutements uniformes des enseignantes et enseignants hors classes populaires…), qui peut penser qu’un texte, même progressiste, a quelques chances de produire des effets positifs ?
Pour autant, l’imposition d’un cadre rigide d’évaluation, éloigné des pratiques concrètes de classes, aurait toujours comme conséquence la transformation des pratiques enseignantes et l’alignement des contenus enseignés sur les éléments évalués. Nous resterions alors dans une logique de pilotage du système éducatif par l’évaluation, qui bafouerait la professionnalité enseignante.
Nous devons donc nous opposer à toute tentative d’évaluation des attendus de quelque manière que ce soit. Mais nous devons aussi utiliser ce texte pour remettre en avant des revendications unifiantes : allongement de la scolarité, développement de moyens pour la formation, baisse des effectifs, transformation par le décrochage temps élèves temps enseignants, fin des évaluations non formatives…
Nous avons l’opportunité de remettre au centre des débats notre projet articulé autour de ce qui n’est pas qu’une profession de foi, mais une réalité : le toutes et tous capables. Saisissons-la !