Intervention de Marie Haye (Secrétaire nationale, Nantes)
Cette CAN du SNES-FSU se tient dans un contexte particulièrement préoccupant :
La surenchère médiatique et politique actuelle autour des questions de sécurité et d’immigration, fait le lit des idées d’extrême droite jusque dans l’Éducation, comme en témoigne le dossier du Figaro Magazine : l’école serait gangrenée par la lutte contre les discriminations et l’antiracisme, présentés comme une « idéologie » ennemie de la république. Un curieux retournement de valeurs, comme l’a écrit Benoît à E. Macron, un retournement contre lequel il faut faire front. La Tribune « Défendre l’école publique contre toutes les attaques qui visent à la détruire », initiée par des associations pédagogiques, est toujours ouverte à signature.
C’est par un autre retournement de valeurs que le gouvernement, alors que les inégalités augmentent, appauvrit encore les privé·es d’emploi avec sa réforme de l’assurance chômage, n’a pas désarmé sur les retraites, porte des coups de boutoir à la protection sociale, continue d’affaiblir les Services Publics, dont l’hôpital alors que nous entrons dans une cinquième vague épidémique.
C’est aussi, sans doute, pour « protéger » la France et la République que le gouvernement a réduit la délivrance de visas à l’Algérie, au Maroc et à la Tunisie ou milite pour des contrôles tous azimuts dans le pacte migratoire européen. Pendant ce temps-là, des migrant·es meurent, en France, et aux portes de l’Europe, à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne qui les bloque et les affame.
C’est bien connu, les chômeur·euses, les retraite·es, les agent·es public·ques, les migrant·es, sont des poids pour les finances publiques (plus, il faut croire, que l’optimisation fiscale et la dissimulation frauduleuse d’actifs à l’internationale, dévoilées par les Pandora papers et contre lesquelles le gouvernement ne lutte pas).
Des finances publiques qui seront, comme chacun·e sait, bien mieux employées dans le plan France 2030, qui ruissellera sur branches industrielles « innovantes » – dont la reprise du nucléaire, présentée comme une « énergie verte ». Encore un retournement de valeurs, le même qui permet aux hommes les plus riches de la planète de défiler à la COP 26 pour faire oublier que leurs entreprises détruisent la planète.
Quant à Blanquer, il parachève son œuvre de destruction du service public d’Éducation : après Parcoursup, la casse du lycée et du bac, celle du recrutement et de la formation initiale des enseignant·es, de l’éducation prioritaire, son Grenelle du néomanagement, le mouvement « POP » qui préfigure une généralisation des affectations sur profil et hors barème, l’(auto)évaluation des écoles et établissements, qui absorbe les collègues, les détourne de l’analyse de la politique inégalitaire actuelle pour mieux les conduire à se rendre elles et eux-même responsables des réussites, mais surtout des échecs de « leur » établissement
l’école « inclusive » qui dans les faits exclut en individualisant à tous crins,
Blanquer muselle les élu·es dans les CA, et menace les enseignant·es qui luttent pour l’égalité, en les présentant comme des « séparatistes » qui menaceraient l’« unité nationale ». Blanquer qui, dès son arrivée au ministère, affirmait vouloir combattre l’« égalitarisme », qu’il désignait alors comme l’« ennemi du service public ».
C’est cela que les dominant·es ont dans le viseur : l’égalité. L’égalité, c’est l’ennemi du libéralisme, du capitalisme, de l’Extrême Droite. C’est pour l’Égalité que le SNES-FSU doit lutter et faire campagne. Dès maintenant : même si les difficultés du mouvement social sont réelles, elles ne se résoudront pas d’elles-mêmes une fois la période pré-électorale passée. On peut même craindre qu’elles s’accentuent. C’est dès maintenant qu’il faut construire.
Dans son secteur, les thèmes de campagne ne manquent pas, on l’a vu : toute la politique éducative de Blanquer vise à lutter contre l’égalité, par le fameux retournement de valeurs dont nous parlions plus haut. Le SNUIPP prévoit une consultation grand format courant mars, un outil intéressant de campagne et de mobilisation. Et puis c’est aussi en renforçant nos collectifs de travail et militants que nous pouvons créer un rapport de force.
Depuis ce samedi, les actions pour la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes ont commencé, et le SNES s’y inscrit, avec la FSU. Prochaine étape : la grève féministe du 8 mars, contre les violences sexistes et sexuelles, jusqu’à la mort parfois (depuis janvier 2021, 101 femmes qui ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint), les inégalités au travail, dans l’espace public et médiatique, dans le langage.
Decathlon, Labeyrie, Leroy-Merlin… Les mouvements de grève se multiplient dans de grandes entreprises privées, jusqu’ici peu touchées par ce type de conflit social. En cause, les salaires, trop bas, alors que l’inflation rogne le pouvoir d’achat. Ces mouvements venus de la base inquiètent le patronat, qui peine à recruter, et les actionnaires, qui ne veulent pas rogner sur leurs dividendes. Les salaires apparaissent, dans les sondages d’opinion, comme l’une des préoccupations majeures de la période. Le SNUIPP s’est mandaté pour porter dans la FSU la nécessité d’engager une réflexion sur la construction d’une forte mobilisation interprofessionnelle sur la question salariale.
Faisons feu de tout bois, contre les inégalités !