Par Julien Rivoire
Le dernier rapport du GIEC est passé sous les radars médiatiques et politiques, et pourtant, ce qu’il nous dit devrait structurer le débat politique de ces élections.
Il rappelle que le dérèglement climatique est déjà là, +1,1 C° sur la planète, +1,5 dans les dix ans à ce rythme. Si chaque « retard supplémentaire » amenuise les chances humaines de construire un avenir vivable ce rapport rappelle qu’il est encore possible rompre le processus.
Surtout cette publication met l’accent sur les conséquences pour nos sociétés, qui ne sont pas des impacts futurs mais des dommages irréversibles déjà observés. L’adaptation de nos sociétés devient donc cruciale. A la lecture des conclusions du rapport, on en vient d’ailleurs à se demander si on vise juste lorsqu’on parle d’articulation des enjeux écologiques et sociaux tant les enjeux climatiques sont une réelle question sociale :
Question sociale car structurée par les rapports sociaux inégalitaires de ce système capitaliste. Inégalités dans les responsabilités : en France 63 milliardaires ont une emprunte carbone équivalente à la moitié de la population…Mais Inégalités également quant aux impacts. Les personnes et les systèmes les plus vulnérables sont touchés de manière disproportionnée, dans les pays les plus pauvres, et parmi les plus précaires dans nos sociétés.
Car c’est une question sociale qui ne se pose pas loin de nous, pour les autres…. En France des risques majeurs sont déjà là : pénurie d’eau, canicules plus fréquentes et méga feux ne sont plus de la science-fiction.
Il est possible d’engager nos sociétés vers l’adaptation, mais ces alternatives ont besoin de rompre avec le marché et de s’adosser à la puissance publique, par des réglementations et des services publics forts :
• Pour une meilleure gestion de l’eau et de l’irrigation mais aussi une meilleure adaptation des cultures aux conditions climatiques via l’agroécologie ; à front renversé de la direction prise par ce gouvernement et la FNSEA qui organisent la fuite en avant dans l’agriculture 2.0. L’initiative devant l’école Hectar le 29 mars permettra de dénoncer cette folie, et de mettre en avant les alternatives. La mobilisation fin mars aux bassines est également un rendez-vous important pour défendre ce bien commun qu’est l’eau.
• Besoin vital de préserver le milieu naturel (restauration des forêts, de l’urbanisation dans les zones côtières, végétalisation des villes…). Un vrai service public de l’environnement est essentiel, le renforcement de la territoriale une urgence pour garantir ces missions.
• Enfin pour le GIEC, une couverture sanitaire et une protection sociale universelle est indispensable… Preuve que les projets des droites de destruction de nos conquis sociaux sont incompatibles avec les urgences écologiques.
Les obstacles existent et sont pointé par le GIEC… obstacles technologiques et financiers en Afrique, mais ce sont la désinformation et le manque de sentiment d’urgence qui sont mis en avant concernant l’Europe et l’Amérique du Nord.
Le succès relatif des manifs de samedi dernier, malgré une invisibilisation médiatique totale est un point d’appui ; des dizaines de milliers de manifestant·es majoritairement très jeunes restent mobilisés. Mais à voir les cortèges, et malgré un effort de représentation du syndicalisme de transformation sociale avec PJC, ce ne sont pas les salarié·es ni mêmes les militant·es syndicaux qui se mobilisent lors de ce type de rendez-vous.
Nous avons donc une responsabilité particulière de lanceur d’alerte, une responsabilité urgente à construire un mouvement social d’ampleur, un véritable soulèvement de la société pour imposer la rupture écologique et sociale… C’est maintenant une question vitale !