Il y a cinquante ans, Pier paolo Pasolini était assassiné

Le 2 novembre 1975, Pier Paolo Pasolini, poète, écrivain et cinéaste italien était assassiné sur une plage à Ostie. Marxiste assumant son homosexualité dans une Italie conservatrice, Pasolini dérangeait autant par ses écrits que par ses films, ce qui lui valu la haine des milieux conservateurs. À cette occasion, nous avons choisi d’interviewer Gianluca Paciucci, président de l’Association culturelle « Tina Mondotti » (Trieste).

Cinquante ans après son assassinat, que représente Pier Paolo Pasolini aujourd’hui en Italie ?

De nos jours en Italie, Pasolini est fréquemment cité, à tort et à travers le plus souvent, malgré le travail considérable accompli par des intellectuels, des associations, des centres d’études, parmi lesquels nous pouvons citer le Centro Studi Pier Paolo Pasolini de Casarsa della Delizia, lieu de naissance de la mère du poète, Susanna Colussi, où lui-même se trouve enterré (auprès de sa mère, et plus éloignées, mais non loin l’une de l’autre, se trouvent les tombes de son père et de son frère Guido); et le Centro Studi-Archivio Pasolini de Bologne. Souvent cité mais pas lu et le plus souvent pas analysé, par la plupart de gens, de sorte qu’il devient un réservoir d’idées et de slogans bons à tout, bons à droite, malheureusement, comme à gauche. «Mutation anthropologique», « disparition des lucioles», «poème contre les étudiants de mai ‘68» (qui est un texte très complexe, «Il PCI ai giovani!», réduit à un manifeste contre mai ‘68…), «Il Palazzo»… Des formules, géniales en soi, mais qui occultent le rôle de Pasolini dans l’Italie entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et 1975, et même après. De temps en temps, les projecteurs se rallument, comme cela s’est produit récemment et se produit actuellement, à l’occasion d’anniversaires: le 100e anniversaire de sa naissance (2022) et le 50e anniversaire de son assassinat (2025). Concernant l’assassinat, en particulier, les hypothèses fleurissent (livres, films): je ne nie pas qu’il soit encore nécessaire d’enquêter sur ce qui peut être qualifié d’assassinat politique (l’assassinat par un des «ragazzi di vita» qui aurait agi seul ne tient pas la route), dans l’Italie brutale et bouillonnante de ces années-là, mais tout cela se termine souvent par une curiosité morbide et/ou des reconstitutions hasardeuses, ne reposant sur aucune preuve. En Italie, il faudrait sortir des stéréotypes et prendre à bras les écrits (essais, poèmes, romans, articles) et les films de Pasolini, dont il faudrait tirer des armes (les armes de la poésie, les plus inoffensives et les plus terribles qui aient jamais été forgées) pour lutter aujourd’hui, dans la nécropole où nous nous trouvons.

Selon moi, Pasolini a de nombreux lecteurs et lectrices anonymes, silencieux, caché(e)s: c’est parmi ces lecteurs et admirateurs clandestins que se trouvent les véritables héritiers de ce grand intellectuel, l’un des plus grands du XXe siècle italien et mondial à l’instar de Gramsci (le poème de Pasolini «Le ceneri di Gramsci» témoigne de la formidable rencontre imaginaire et concrète entre les deux, au Cimetière dit non catholique de Rome, où se trouve la tombe de l’intellectuel communiste emprisonné et tué par le fascisme) qui, comme lui, est davantage lu et admiré au-delà des frontières italiennes que dans son propre pays. Enfin, je ne nie pas la force de certaines œuvres qui lui ont été consacrées ces dernières années et qui ont ravivé l’intérêt pour Pasolini: je pense aux œuvres complètes publiées par Mondadori et éditées par Walter Siti et Silvia De Laude; je pense à l’essai Frocio e basta (publié également en France sous le titre Pédé et c’est tout), de Carla Benedetti et Giovanni Giovannetti, première édition en 2012, qui a eu le grand mérite de ramener l’attention sur Petrolio, roman posthume, publié en 1992); je pense au livre de Renzo Paris, Pasolini Moravia. Due volti dello scandalo, de 2022); je pense à des œuvres cinématographiques, comme Pasolini prossimo nostro, et théâtrales, comme ‘Na specie de cadavere lunghissimo, toutes deux réalisées par Giuseppe Bertolucci, qui ont fourni de nouveaux critères d’interprétation, à commencer par l’attention portée aux textes. Sans les textes étudiés et accueillis dans leur intégralité (ce qui ne signifie pas les lire tous, mais les lire en profondeur), on sait et on ne retient que peu de choses de Pasolini.

Et dans la jeunesse italienne particulièrement, comment Pasolini est perçu aujourd’hui? »

Il est très apprécié et étudié par les jeunes cultivés, dans les lycées et les universités. Il en a toujours été ainsi. La force de sa pensée a attiré l’attention des adolescents de toutes les époques et, je dirais, de tous les âges… L’adolescence est cette phase terrible des possibilités, de l’abîme dans lequel on s’enfonce peu à peu, ou dans lequel on est soudainement précipité: et Pasolini est l’intellectuel des possibilités, de ce qui est encore possible, c’est l’intellectuel adolescent / auroral par excellence (comme Rimbaud). Et il a été un grand pédagogue, un adolescent-pédagogue: instituteur dans la campagne frioulane (même après le «scandale» de son homosexualité, en 1949, les familles paysannes de ses élèves voulaient qu’il reste enseigner); attentif aux «ragazzi di vita» dans les banlieues romaines (ici, il a été un pédagogue à qui ses «ragazzi» ont tout appris); pédagogue dans sa relation avec l’un de ses acteurs fétiches, Ninetto Davoli (certaines images, certains écrits sont émouvants – lorsque Pasolini rend visite à Ninetto, alors soldat à Arezzo, et lui montre les fresques de Piero della Francesca, la «Légende de la Vraie Croix»…); et quand, au début de 1975, il écrit dans les pages de «Il Mondo» un petit traité pédagogique, «Gennariello», pour instruire un jeune Napolitain imaginaire mais représentatif… (le petit traité se trouve maintenant dans Lettere luterane / Lettres luthériennes). Au tout début des Lettere luterane, il y a un autre texte emblématique, «Les jeunes malheureux», qui commence ainsi: «L’un des thèmes les plus mystérieux du théâtre tragique grec est la prédestination des enfants à payer les fautes de leurs pères. Peu importe que les enfants soient bons, innocents, pieux: si leurs pères ont péché, ils doivent être punis…» Il parle ici du seul héritage possible, dans un monde bloqué, incapable de se renouveler dans le respect de la tradition, c’est-à-dire incapable de faire une vraie révolution: l’héritage de la faute, des fautes, sans responsabilité individuelle, mais dans une transmission féroce des vices les plus anciens, historiquement incarnés dans les structures du pouvoir. C’est peut-être cette attention portée au monde des jeunes qui permet aux jeunes, encore aujourd’hui, de s’intéresser à Pasolini: on trouve en lui les raisons et les passions de la lutte entre les générations, de la nécessité tragique de tuer le père et d’épouser la mère (c’est Edipo re / Œdipe roi, son grand film de 1967), dans une confrontation certes très masculine, mais qui parvient néanmoins à voir dans la femme, fille ou mère, une autre possibilité d’existence, une étrangeté troublante à punir (en Medea, film de 1969, avant le roman homonyme de Christa Wolf de 1996, qui renverse son image d’infanticide) ou à sanctifier (en Teorema, film et roman de 1968, la sainteté de la «servante», de la femme du peuple), seules capables d’un regard non homologué. Dans tous les cas, le conflit entre les générations est un élément constitutif d’une grande partie de l’œuvre de Pasolini: en cela, je crois que nos jeunes, je répète nos jeunes cultivés, trouvent en lui des thèmes et des modes dans lesquels ils baignent historiquement, surtout aujourd’hui, où les pères, les mères et les vieux révolutionnaires clament haut et fort qu’il n’y a plus rien à faire parce que tout a déjà été fait ou, pire, parce que nous avons tout fait. Pasolini croyait en la possibilité de transmettre le savoir précisément parce qu’il croyait en la critique de cette transmission et en la possibilité ouverte de renverser l’état de fait existant. La possibilité de rêver d’une chose (le titre tiré de Marx du roman Il sogno d’una cosa, de 1962) que le monde d’aujourd’hui veut soustraire à ceux qui viennent juste après. Ses textes contre les jeunes (et contre les cheveux longs, contre les modes et les transgressions) ont été écrits pour qu’ils ne tombent pas dans le piège du jeunisme (giovanilismo) qui fonctionne par cooptation: tu es bon parce que je t’ai choisi comme moi, je t’ai formé/façonné. Ou les jeunes vus comme une part de marché à conquérir, y compris par la politique (ici, la droite et la gauche ne se comportent pas différemment).

Dans quelle mesure son œuvre, tant littéraire que cinématographique, irrigue encore la gauche italienne?

La relation entre Pasolini et la gauche italienne, en particulier celle de tradition communiste, a toujours été difficile, mais aussi fructueuse. Il y a eu de nombreuses tentatives, en revanche, d’annexion de Pasolini par la droite, même la plus extrême et celle qui se dit «sociale»: tout comme il y a eu et il y a toujours un «gramscisme de droite», qui fait se retourner Gramsci dans sa tombe, il y a eu et il y a toujours un «pasolinisme de droite» qui tente de présenter Pasolini comme un défenseur de la tradition, du monde paysan, et un véritable réactionnaire, dans ses interventions publiques (les articles du début des années 70 dans le “Corriere della sera” et d’autres quotidiens ou hebdomadaires, par exemple, puis rassemblés dans Scritti corsari). Éliminons immédiatement cette tentative d’appropriation, avec les mots du philosophe Raoul Kirchmayr: «… L’utopie pasolinienne ne pouvait qu’embrasser l’archaïque pour y trouver les ressources du geste révolutionnaire et, à travers lui, dessiner les contours d’un avenir désiré. De ce point de vue, le culte de l’archaïque (le Frioul de la jeunesse et son monde paysan; puis la Grèce et le tiers-monde, en passant par les faubourgs romains) ne s’inscrit nullement dans un retour conservateur, et donc dans une perspective qui ne peut que dénoncer la décadence irrémédiable du présent. Non pas un âge d’or présumé, mais plutôt un ailleurs sacré d’où part le discours de contestation du cours du monde…» (1) Ce sont des mots clairs, qui révèlent des accents presque benjaminiens (même si nous ne savons pas si Pasolini connaissait l’oeuvre de Walter Benjamin – Enrico Fantini a enquêté à ce sujet, avec des réponses encore provisoires) qui éliminent toute appropriation possible de Pasolini par la droite: souvent «sociale», souvent «du côté du peuple contre les élites», puis honteusement au service du capitalisme antisocial et antipopulaire. Le fascisme italien a été, dans ce sens aussi, un précurseur.

La relation avec la gauche a toujours été importante et presque organique, malgré de fortes frictions et du mécontentement, et malgré la tragédie de son frère Guido, partisan des brigades «Osoppo», tué par des partisans communistes dans un épisode sur lequel on continue, avec une obsession justifiée, à enquêter. Mais certains vers de Pasolini restent gravés dans les mémoires, témoignant d’une profonde fidélité à un idéal, voire à un drapeau («rouge chiffon d’espoir», dernier vers de «Il pianto della scavatrice», poème tiré de Le ceneri di Gramsci), à des personnes concrètes (les «jeunes communistes» inscrit(e)s au PCI, maintes fois évoqués dans les écrits du “Corriere della sera”, en 1975), à un peuple», voire à un parti (2). Je crois cependant que la gauche d’aujourd’hui, encore communiste (très minoritaire) ou ex-communiste, mais aussi celle qui s’est formée après la mort de Pasolini et les deux années de grande destruction 1989-1991 (non pas la destruction du soi disant socialisme réel, et c’était une bonne chose, mais de toutes possibilités d’alternative au capitalisme), est médiocrement pasolinienne: certains, postmodernes, ont rejeté Pasolini, d’autres l’ont exalté/sanctifié pour annuler le potentiel de rupture, de fracture, de transformation de l’existant que représentent la pensée de Pasolini et son corps. Je crois que son irréductibilité aux diktats hégémoniques peut être un stimulant pour construire des parcours originaux dans une Italie qui risque une dérive hyperconsumériste (dans la misère croissante), raciste et incapable de solidarité. Nous avons dépassé le seuil d’alerte. Dans le peuple, et même dans le populisme pasolinien (qui n’est pas une exaltation acritique du peuple lui-même), il y a la possibilité de redécouvrir l’existence des classes et des liens sociaux dévastés par l’égoïsme propriétaire, par la lutte des classes contre les classes populaires et par les guerres, désormais chez nous (Ukraine, Palestine…)

Tu es à Trieste, à côté du Frioul. Dans quelle mesure, le fait que Pier Paolo Pasolini ait publié ses premiers poèmes en frioulan est un acte politique, de la même manière qu’il utilise le dialecte romain lorsque ses protagonistes viennent des quartiers de Rome?

La question du choix poétique pour le frioulan (la «langue» frioulane parlée à l’ouest du Tagliamento) est passionnante et a été bien résumée par le philosophe Giorgio Agamben dans la préface d’une nouvelle édition du texte théâtral de Pasolini I Turcs tal Friul / I Turchi in Friuli, écrit en 1944 et publié pour la première fois en 1976. Pasolini commence son parcours littéraire dans cette «langue» (guillemets obligatoires, en raison de la complexité de la question langue / dialecte), en publiant La meglio gioventù (poèmes 1941-1953) ; mais c’est toujours dans cette «langue» qu’il termine son parcours – en laissant de côté, bien sûr, les œuvres publiées après sa mort- avec La nuova forma de «La meglio gioventù», qui est le dernier grand texte publié de son vivant (1974), «un livre écrit deux fois, vécu et revécu, corps dans un corps», écrit-il. Son engagement en faveur de la «langue» frioulane est un engagement au sein même de cette langue, un engagement auroral et terminal, qui se déroule dans la poésie (nombreux sont ceux qui soutiennent que les textes poétiques en frioulan sont les meilleurs de Pasolini, et extraordinairement mis en valeur par la mise en musique de Giovanna Marini et d’Alfredo Lacosegliaz dans des œuvres inoubliables) et dans une intense activité d’étude et de diffusion: l’Academiuta de lengua furlana / Académie de langue frioulane, la revue “Stroligut” (cinq numéros, entre 1944 et 1947), etc. Le premier essai publié dans le premier numéro de “Stroligut” (avril 1944) s’intitule justement «Dialet, lenga e stil / Dialecte, langue et style», dans lequel le poète ennoblit le frioulan, qu’il considère comme l’une des langues directement dérivées du latin, comme l’italien, le provençal et le français, et non comme un dialecte italien; son intérêt pour les questions linguistiques (tout comme chez Gramsci) et la poésie dialectale et/ou populaire a d’ailleurs été constant, comme en témoignent ses essais de grande valeur, désormais disponibles notamment dans les recueils Passione e ideologia et Empirismo eretico. Il ne faut pas oublier son engagement dans le «Mouvement populaire frioulan pour l’autonomie régionale» (3), avec des articles importants, notamment en 1947 (à l’automne de cette année-là, il s’inscrira au PCI, dont il sera expulsé en 1949) (4). Cela dit, on peut certainement affirmer que les choix en faveur de «langues» non hégémoniques (le frioulan) et de dialectes (le romain de la production narrative et cinématographique des années 50 et début 60) sont des choix politiques, mais peut-être surtout de cette politique qui, chez Pasolini, est avant tout une alliance entre éthique et poétique: le choix d’une langue est le choix d’un monde encore soustrait à la dévastation capitaliste et néo-capitaliste, plus radicale que la dévastation fasciste car capable de modifier les racines mêmes des individus et des peuples, en leur proposant, avec une arrogance totalitaire, l’uniformité du modèle capitaliste occidental considéré comme le seul possible et par rapport auquel tous les autres modèles et modes de vie sont des erreurs à corriger, par la douceur (soft power) ou par la force (interventions musclées, armées, crimes et génocides). Pasolini n’exalte pas sans discernement les mondes qu’il chante: en particulier dans Il padre selvaggio / Le père sauvage et dans Appunti per un’Orestiade africana / Notes pour une Orestie africaine, le choc entre les mondes se résout dans l’irréconciliabilité et l’identification d’une figure autre, entre le Premier et le Troisième, d’un hybride non résolu, irréconciliable, inquiet, qui est la condition dans laquelle se trouve encore aujourd’hui la quasi-totalité de la planète; mais de ces mondes, il extrait ce sacré qui est un lieu circonscrit soustrait à la perte de soi. En ce sens, le choix de la «langue» frioulane est aussi le choix d’un espace sacré. Sacré et ouvert, sacré et grand ouvert à un monde à explorer avec son propre corps: «Mais vous savez qu’il existe une merveilleuse devise, celle de la nouvelle gauche américaine, qui dit qu’il faut se jeter corps et âme dans la lutte: eh bien, considérez qu’au lieu de parler, je suis venu ici pour apporter mon corps…» (5) Jusqu’aux risques extrêmes.

(1) Raoul Kirchmayr, dans «Utopie, dystopie, anachronisme (note pasolinienne en hommage à Angela Felice)», postface au magnifique ouvrage d’Angela Felice L’utopia di Pasolini (L’utopie de Pasolini) (BEE, 2017). L’auteure, qui a longtemps dirigé le Centre d’études Pier Paolo Pasolini de Casarsa della Delizia, est décédée prématurément en 2018.

(2) «…Le Parti communiste italien est un pays propre dans un pays sale, un pays honnête dans un pays malhonnête, un pays intelligent dans un pays idiot, un pays cultivé dans un pays ignorant, un pays humaniste dans un pays consumériste. Ces dernières années, entre le Parti communiste italien, compris dans un sens authentiquement unitaire – dans un «ensemble» compact de dirigeants, de base et d’électeurs – et le reste de l’Italie, un troc s’est mis en place: le Parti communiste italien est ainsi devenu un «pays séparé», une île. Et c’est précisément pour cette raison qu’il peut aujourd’hui entretenir des relations plus étroites que jamais avec le pouvoir effectif, corrompu, incompétent, dégradé: mais il s’agit de relations diplomatiques, presque de nation à nation. En réalité, les deux morales sont incomparables, comprises dans leur concret, dans leur totalité. C’est précisément sur cette base qu’il est possible d’envisager ce «compromis» réaliste qui sauverait peut-être l’Italie de la ruine totale: un «compromis» qui serait en réalité une «alliance» entre deux États voisins, ou entre deux États imbriqués l’un dans l’autre. Mais tout ce que j’ai dit de positif sur le Parti communiste italien constitue également son aspect relativement négatif. La division du pays en deux pays, l’un enfoncé jusqu’au cou dans la dégradation et la dégénérescence, l’autre intact et non compromis, ne peut être une raison de paix et de constructivité. De plus, telle que je l’ai décrite ici, je crois objectivement, c’est-à-dire comme un pays dans le pays, l’opposition s’identifie à un autre pouvoir: qui reste toutefois un pouvoir…» (dans «Il romanzo delle stragi», publié le 14 novembre 1974 dans le “Corriere della sera” sous le titre « Che cos’è questo golpe »).

(3) https://www.eurac.edu/en/blogs/eureka/l-autonomismo-friulano-a-sessant-anni-dall-approvazione-dello-statuto-speciale-de

(4) Concernant les relations entre Pasolini et le PCI dans la région du Frioul, nous signalons cet important article: https://www.centrostudipierpaolopasolinicasarsa.it/approfondimenti/pasolini-ramuscello-e-lomofobia-da-dopoguerra-del-pci-di-elisabetta-michielin/

(5) Pier Paolo Pasolini, «La cultura contadina della scuola di Barbiana / La culture paysanne de l’école de Barbiana»: extrait de l’introduction à une discussion avec les jeunes de Barbiana organisée à la Casa della Cultura de Milan les 17 et 18 octobre 1967. Puis dans «Momento», IV, n° 15-16, janvier 1968. L’école de Barbiana (près de Florence) est une expérience éducative basée sur le travail de don Lorenzo Milani et de ses élèves entre 1954 et 1967.

Propos recueillis par Olivier Sillam