FN et monde du travail, un défi pour le syndicalisme

Les résultats des législatives des 10 et 17 juin permettent, une nouvelle fois,
après ceux de la présidentielle, de mesurer l’influence électorale de l’extrême droite.
Les scores électoraux du FN sont d’autant plus inquiétants qu’ils touchent aussi
– mais pas uniquement – une fraction des couches populaires et salariées
et aussi une partie des personnes proches des organisations syndicales.
Ils varient entre 3 % environ pour des organisations syndicales comme Solidaires
et la FSU, environ 10 % pour les confédérations syndicales les plus importantes en nombre
(CGT et CFDT), mais des taux proches de 20 % pour FO et la CFTC.

Loin de ne concerner que la droite classique, dans la mesure où les « triangulaires » risquent de poser à l’avenir de gros problèmes à l’UMP (tant que la droite et l’extrême droite ne s’allient pas ouvertement comme ce fut le cas en Italie, aux Pays-Bas ou au Danemark), ces résultats nous interpellent. Et ce d’autant plus que les « valeurs » et idéologies portées par le FN, trouvant visiblement leur écho dans une partie de la population française, sont totalement aux antipodes des idéaux de solidarité et de progrès que nous portons.

Double nature sociale
de l’électorat

D’un côté, un électorat originaire de la droite classique s’est déplacé vers le FN pour y trouver un « correctif » plus dur, plus intransigeant à la politique officielle de cette droite dite républicaine, avec un noyau dur attaché au canon idéologique de la droite (ordre « naturel », sécurité, propriété, autorité). Et aussi un public fortement marqué par des événements historiques comme la décolonisation.

Si les caractéristiques de cet électorat du FN expliquent ses scores élevés dans certains départements du Midi (Gard, Vaucluse, Alpes-Maritimes) où le FN se situait en moyenne à 26 % lors de l’élection présidentielle, il existe d’autres fiefs électoraux du FN qui correspondent à un autre type. C’est le cas du Pas-de-Calais ou de l’Aisne, où les scores du FN à la présidentielle étaient également proches des 26 %. Ici, le vote FN reflète davantage la crise industrielle et un certain désespoir social.

Le FN, en gommant les aspects ultralibéraux de son programme initial – alors qu’il était historiquement surtout un parti anti-impôts, « poujadiste » et aussi antisyndical – s’adresse à ce public avec un discours qui se veut social. Ce faisant, il veut tromper, bien évidemment, les salariés et les couches populaires. Le parti d’extrême droite leur promet, ainsi, de vouloir « augmenter les bas salaires proches du SMIC de 200 euros mensuels ». Or, cette pseudo-hausse des salaires promise résulterait d’une baisse des cotisations sociales et/ou serait financée par l’impôt. Autrement dit : ce sont les salariés eux-mêmes, en tant qu’assurés sociaux et/ou personnes payant des taxes et des impôts, qui devraient financer l’augmentation des salaires.
Par ailleurs, la plupart des solutions du FN se situent dans une perspective de faire payer la misère et la crise par « les autres ». Par les autres pays (le FN voulant « réarmer » la France dans une optique de guerre économique entre les nations), par les immigrés, par les personnes reléguées au second rang par l’application du principe discriminatoire de « préférence ou priorité nationale ».

Reprendre l’offensive
sur le terrain

C’est à nous, syndicalistes progressistes de dénoncer ces pseudo-alternatives portées par l’extrême droite, pour reconstruire des perspectives solidaires et porteuses d’espoir. Trop souvent, les réactions syndicales ont été ponctuelles ou liées à des « outing » de pseudo-syndicalistes mais vrais militants du FN.
L’association VISA se propose d’être partie intégrante de cette contre-offensive, nécessaire pour un avenir meilleur. Réunissant des syndicalistes de différentes organisations (CGT, CFDT, Solidaires, FSU) et de différents secteurs, elle entend y contribuer par des analyses servant à démystifier les pseudo-propositions de l’extrême droite. Dans ce but, elle a édité deux brochures argumentaires pour armer les syndicalistes confrontés à la tentation du vote FN dans leur entourage. VISA propose aussi des formations « ad hoc » aux syndicats désireux de poursuivre, dans la durée, ce combat.

L’antifascisme n’est pas un supplément d’âme, il doit être partie intégrante et permanente du combat syndical. ●

Vigilance et initiatives syndicales antifascistes

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