La période est caractérisée par plusieurs crises très graves, qui se déroulent en même temps, crise sanitaire bien-sûr, mais aussi crise économique, crise sociale, crise démocratique… Cette concomitance des crises nous rend particulièrement captifs-ves et nous terrasse : parce que tout est si important que nous ne savons pas quel combat mener en priorité.
Mais quand même, aujourd’hui, on a un gros sujet d’inquiétude : en surplomb de toutes les crises citées, on a aussi et surtout un basculement très grave vers un état autoritaire. Ce basculement est inédit, on est face à un gouvernement qui avance avec brutalité sur tous les dossiers en même temps, et avec en toile de fond un autoritarisme grandissant.
Depuis des mois, alors que nous veillons à la sécurité sanitaire de tous-tes, nous devons faire avec un gouvernement inconséquent : aucune anticipation de la 2ème vague, des mesures incohérentes, une gestion de crise calamiteuse. D’un côté, le pays est plongé dans une crise sociale terrible : augmentation inquiétante de la grande pauvreté, des milliers de destructions d’emplois qui vont jeter des familles entières dans la précarité, la situation alarmante des étudiant-es, des plans sociaux, des faillites, … De l’autre côté, la réponse du gouvernement, c’est le plan de relance de 100 mds à destination des entreprises des grands groupes, sans contreparties. Injustices sociales, mépris des plus pauvres…
Sur tous les sujets, c’est la même chose, le gouvernement avance sur sa ligne : dans l’éducation, alors que les conditions d’études (à distance) sont difficiles dans les facs, que la pauvreté gagne chez les étudiant-es, Vidal n’a rien de plus urgent que faire voter la LPR. Alors que la situation est très tendue dans les établissements scolaires, (insécurité sanitaire, conditions de travail très dégradées), Blanquer poursuit ses réformes (quelle aubaine, le bac en contrôle continu !), annonce un budget en baisse (-1800 postes), prépare la fin de l’éducation prioritaire…. On a déjà eu son mépris (quelle honte, ce qu’il a fait de l’hommage à S. Paty le jour de la rentrée !), on a ses mensonges répétés (il ment sur les chiffres de contamination dans les lieux scolaires, plus de 10 fois inférieurs à ceux des ARS !), et maintenant, les révélations sur le syndicat Avenir lycéen ! Franchement, ça suffit ! Ce sinistre personnage ne peut plus être le ministre de l’éducation nationale. Nous devons obtenir la démission de Blanquer, c’est juste qu’il dégage, et ce serait là une première victoire pour nous permettre de reprendre la main.
Et enfin, le pire pour la fin : le gouvernement poursuit son chemin aussi sur le plan des droits et des libertés. Répression renforcée, nouveau schéma du maintien de l’ordre, loi sur les séparatismes, annonces de dissolution de certaines associations sans preuves à leur encontre, et enfin loi de sécurité globale. Et là, on a franchi un cap. Les manifestations très nombreuses la semaine dernière contre ce projet de loi témoignent de la prise de conscience de la gravité de ce texte : on est en train de basculer dans un état autoritaire, avec un gouvernement qui se pare d’un arsenal répressif pour empêcher toute contestation. Nos libertés, notre démocratie sont gravement menacées.
Face à cela, évidemment, la responsabilité du syndicalisme est très grande : il nous faut prendre appui sur cette prise de conscience, dont celle de nombreux jeunes, pour lutter contre les régressions, et en particulier mobiliser pour exiger le retrait de la loi sécurité globale. Il nous faut aussi mener des combats en positif pour renforcer les SP car ils sont au cœur de notre projet de société, égalitaire et solidaire : l’hôpital et l’école sont deux SP emblématiques des secteurs absolument « essentiels », et encore plus dans la période, et pourtant, ils sont mal menés, mal traités, sans moyens suffisants. Il faut faire une grande campagne en ce sens, associer les usager-es, pour conforter les SP et mener des mobilisations sur le terrain !
Pour les SP et contre la loi sécurité globale, mais aussi dans l’éducation, dans la lutte contre les violences faites aux femmes, pour les droits des migrants,… dans tous les cas, il faut occuper la rue, continuer à manifester, appeler à la grève et aux mobilisations, malgré le contexte sanitaire. En face, le gouvernement avance, on l’a dit. Alors, le mouvement syndical doit rechercher toutes les convergences au sein de l’interpro, de Plus jamais ça, des collectifs pour passer à l’offensive lui aussi. C’est sa responsabilité de proposer des débouchés, car il y a des disponibilités à l’action, les derniers rassemblements l’ont prouvé ! Face à la gravité de la situation, face à ce gouvernement autoritaire, il faut aller à l’affrontement : mettons-nous en ordre de bataille au cours de ce CDFN !