Le voile vient d’être levé sur le projet de budget 2024 pour l’Éducation nationale. Sans surprise, nous sommes en capacité d’affirmer qu’aucune des mesures phares annoncées par le gouvernement n’est financée. Alors que le ministre s’était donné pour mot d’ordre de « réparer l’École » en profondeur, celle-ci devra se serrer la ceinture pour la deuxième année consécutive. Le remplacement des enseignant·es absent·es ? Sans moyens… La lutte contre le harcèlement scolaire ? Sans moyens… L’acte II de l’école inclusive ? Sans moyens…
Après avoir rendu 1 117 postes d’enseignant·es en 2023, le budget 2024 prévoit d’en supprimer à nouveau 1 709 dans le premier degré, soit 53% de plus ! La baisse de la démographie scolaire n’explique pas à elle seule le régime draconien imposé au service public d’éducation. Le gouvernement fait sciemment le choix de ne pas exempter l’École de la logique austéritaire de suppressions d’emplois publics. Pourtant tous les voyants sont au rouge : du constat d’échec dans la lutte contre les inégalités scolaires à la forte dégradation des conditions de travail des personnels.
Pour ces raisons, nous le savons, la rentrée 2024 sera catastrophique. Comme l’a déjà été cette rentrée avec un nombre inégalé de fermetures de classes, qui ont donné lieu, partout en France, à de nombreuses mobilisations. Et qui se sont parfois poursuivies après la rentrée de septembre. Cela implique que nous anticipions, dès à présent, une séquence au cours de laquelle nous pouvons à la fois dénoncer les choix politiques, construire la mobilisation sur le terrain et faire valoir notre projet pour l’École.
Or cette séquence a déjà commencé dans les discussions parlementaires autour du budget. Les député·es ont voté un amendement annulant les suppressions d’emplois et n’ont pas adopté le budget de l’ensemble de la mission de l’enseignement scolaire. C’est inédit. Cela montre surtout qu’un relais politique à nos revendications syndicales est possible.
Cela nous pousse à élever le curseur pour imposer, dans le débat public, la question des moyens pour l’École et la préparation de la prochaine rentrée. Et ce, dans un contexte où Bruno Lemaire demande aux parlementaires de trouver un milliard d’économies alors que le remplacement de l’ISF par l’IFI a fait perdre 4,5 milliards de recettes pour l’État, sans que cela ne favorise l’emploi.
La FSU-SNUipp doit déposer une alerte sociale et s’engager dans la construction d’une mobilisation large pour un autre projet pour l’École, en invitant celles et ceux qui portent les mêmes attentes. N’attendons pas non plus janvier pour amorcer cette bagarre sur les moyens : en inscrivant une première journée de grève dans l’éducation d’ici les prochaines vacances, nous engageons le rapport de forces pour une rentrée 2024 dans de meilleures conditions. Et c’est bien là-dessus qu’est attendue la FSU-SNUipp.