Malgré le très fort taux d’abstention constaté lors du 1er tour des élections cantonales du 20 mars, le fait majeur dont la portée politique ne saurait être sous-estimée est le score très élevé réalisé par le FN. Au plan national, il obtient 15,2% des voix, c’est-à-dire 19% en moyenne dans les cantons où il a pu présenter des candidats.
C’est le résultat le plus important jamais atteint par le FN lors d’élections cantonales, dans une période où son appareil militant est pourtant fragilisé par les dettes issues de ses échecs électoraux de 2007. Une fois encore, le bidouillage électoral mis en œuvre par l’UMP qui a relevé la condition nécessaire pour se maintenir au 2nd tour de 10% à 12,5% des inscrits se sera retourné contre lui : son objectif, qui était d’éviter un trop grand nombre de triangulaires avec le FN, aura finalement éliminé dès le 1er tour plus de 250 candidats de droite ! Mais c’est bien d’abord sur le plan politique que l’UMP fait la courte échelle au FN depuis plusieurs années : en reprenant ses thématiques les plus chères (l’identité nationale), ses dérapages racistes (condamnation d’Hortefeux) et ses petites phrases qui « clivent » l’opinion selon la doctrine de Patrick Buisson, conseiller à l’Elysée, recyclé de l’extrême-droite. Ainsi, les dernières déclarations de Guéant qui connaît parfaitement la portée des propos qu’il utilise lorsqu’il parle de croisade en Libye.
Après le « siphonnage » réussi de l’électorat du FN par Sarkozy en 2007, on peut se demander ce qu’espèrent aujourd’hui les leaders de l’UMP avec le maintien de cette stratégie qui semble désormais inopérante. La seule réponse, qui fait froid dans le dos, pourrait bien être de préparer le terrain à une future coalition majoritaire avec un FN débarrassé de ses attributs fascisants les plus caricaturaux. Une régression à l’italienne en somme où Berlusconi gouverne depuis de longues années avec pour allié un parti directement issu du fascisme des années 20.
Face à cette menace, les syndicalistes doivent savoir faire preuve d’une vigilance accrue pour faire comprendre aux salariés que l’extrême-droite ne peut en aucun cas être une perspective à leur légitime colère. C’est le sens de l’appel de syndicalistes contre les idées du FN que nous appelons à signer :
APPEL VISA