- intervention de l’école émancipée –
Nous vivons un moment crucial où nous pouvons basculer dans le très sombre. L’extrême droite au pouvoir, ce ne serait pas simplement le néolibéralisme actuel dans une version encore plus autoritaire, ce serait réellement une marche de plus descendue vers l’abîme.
Avec des conséquences terribles pour la population, notamment pour la population racisée, pour les femmes, pour l’ensemble des salarié·es, pour les services publics, pour le syndicalisme comme pour tous les autres contres pouvoirs…
Des conséquences qu’on a beaucoup de mal à percevoir dans leur globalité, là tout de suite, mais dont on perçoit clairement le moteur raciste qui les surdéterminerait une grande partie.
Mais nous vivons aussi un moment qui ouvre la perspective d’un autre possible.
Un autre possible correspondant en partie à nos exigences.
Un autre possible en rupture avec le néolibéralisme et l’inaction climatique.
Un autre possible avec le Nouveau front populaire qui rassemble tous les partis de gauche, du NPA au PS, pour ces législatives.
Nous sommes ainsi devant un double enjeu à la fois empêcher le très sombre de l’extrême droite et ouvrir une fenêtre de possibles avec le Front populaire
Cette gravité du moment implique une sublimation de la tradition du mouvement syndical de ne pas prendre parti dans les élections politiques, de façon explicite et de plus au premier tour.
Car, en effet, ce qui guide le syndicalisme, et encore davantage le nôtre, c’est bien de partir de la situation réelle pour empêcher des reculs et obtenir des avancées.
Le Front populaire représente la traduction politique de l’impérieuse nécessité de s’unir face à l’extrême droite.
Ce sont nos mobilisations qui ont poussé le programme du Front populaire sur les retraites, les salaires, l’assurance chômage, l’abandon du choc des savoirs… Il en représente aussi le débouché politique.
D’ailleurs, une partie de la bourgeoisie ne s’y trompe pas et préfère, comme dans les années 30, Hitler au Front Populaire…
Nous sommes réunis pas simplement pour adopter un appel à voter massivement pour le Front populaire mais bien pour empoigner l’ensemble de ce moment politique.
Poursuivre la dynamique sociale engagée par les mobilisations du week-end dernier sera tout aussi indispensable, avec notamment la perspective des mobilisations féministes de dimanche.
Ce sera indispensable également de convaincre largement les personnels que l’on syndique de tout ce qui se joue dans les jours à venir. Convaincre de la nécessité de voter, et faire voter autour de soi, Front populaire.
Mener, dans les quelques jours qui restent, une campagne autonome et indépendante des partis du Front populaire pour pointer les enjeux des élections pour les salarié·es.
Nous serons également amenés à nous engager davantage avec les autres organisations syndicales et associations du mouvement social et écolo pour des prises de position, des appels à voter, des initiatives de campagne…
Alors, effectivement dans le syndicalisme, cet engagement en faveur du Front populaire, pour barrer la route à l’extrême droite comme au néolibéralisme, peut secouer un peu à l’interne.
On peut s’attendre à des échanges pas évidents avec quelques syndiqué·es,
plus ou moins nombreux selon les secteurs professionnels et géographiques.
Mais ces secousses seront incomparablement moindres que celles auxquelles nous serons confrontés si l’extrême droite arrive au pouvoir.
Pour terminer, si on projette un peu sur l’après 7 juillet, le mouvement syndical sera amené à y jouer un rôle extrêmement important.
Soit le Front populaire ressort victorieux.
L’enjeu sera d’imposer la réalisation du programme face aux obstacles du patronat et d’une extrême droite renforcée par les élections.
Ne soyons pas dupes, il faudra obliger, de l’extérieur et de la rue, à leur mise en œuvre face aux pressions de la bourgeoisie.
Un échec du Front populaire serait en effet terrible pour notre camp social.
D’où notre indispensable indépendance face à sa représentation politique, pour pouvoir jouer tout notre rôle de principaux défenseurs et défenseuses de son programme.
Soit, et il nous faut l’anticiper un minima, le RN ressort victorieux.
Dans ce cas, le mouvement syndical peut être, et même doit être, le pivot de la résistance à l’extrême droite au quotidien. Il nous faudra également réfléchir très rapidement à comment faire du syndicalisme autrement.