Depuis la baisse de l’âge de départ à 60 ans au début du premier septennat de Mitterrand, une rupture s’est opérée. Les réformes des retraites qui se sont succédé depuis plus de trente ans ont ainsi été guidées par le dogme libéral de recherche effrénée de leviers pour diminuer la part de richesses consacrées à leur financement
En 1987, le gouvernement Chirac désindexe ainsi les pensions de l’évolution moyenne des salaires pour les aligner sur la seule inflation, empêchant ainsi les retraité·es de profiter d’une meilleure répartition entre le capital et le travail pour les salarié·es.
En 1993, lors de la cohabitation suivante, le gouvernement Balladur élargit la base de calcul de la pension des salarié·es du privé aux 25 meilleures années et non plus aux 10, ce qui en baisse mécaniquement le montant. Dans le même mouvement, il augmente le nombre d’années de cotisations requises pour une pension complète de 37,5 à 40, une décote étant appliquée pour chaque trimestre manquant depuis 1982. Jusque-là, cette décote était appliquée à peu de futur·es retraité·es au vu de la durée de cotisation exigée.
En 1995, le plan Juppé qui entendait étendre cette dernière réforme aux salarié·es du public est mis en échec par le puissant mouvement social de décembre porté notamment par les cheminot·es.
En 2003, le gouvernement Raffarin parvient, malgré un long mouvement social dont les enseignant·es sont la figure de proue, à imposer l’allongement de la durée de la cotisation à 40 ans pour les fonctionnaires et au-delà pour toutes et tous, ainsi que la mise en place d’une décote à l’ensemble des salarié·es.
En 2010, c’est un autre paramètre de calcul des pensions qui est modifié avec le recul de l’âge de départ de deux années qui touche l’ensemble des salarié·es, dégradant leur santé lors du passage en retraite tout en raccourcissant d’autant la durée de cette période de la vie
En 2014, si une possibilité de départ à 60 ans est rétablie, mais uniquement pour les salarié·es remplissant les conditions restrictives du dispositif « carrières longues », la durée de cotisations est de nouveau allongée et portée progressivement à 43 ans par le gouvernement Hollande.
Enfin 2019, l’instauration voulue par Macron d’un système par points s’est heurtée frontalement à un fort mouvement social puis à la crise du Covid et a été abandonnée. Elle aurait conduit, sous couvert d’une simplification d’un régime de retraite devenu universel, à un calcul du montant des pensions s’adaptant aux ressources disponibles via la fixation de la valeur du point au contraire du régime actuel prenant comme référence de calcul une partie des salaires perçus dans la carrière.
La fiiation du nouveau projet Macron s’établit clairement dans l’héritage de ces décennies de réformes libérales et particulièrement dans celle de 2010.
Arnaud Malaisé