Les 28 et 29 février derniers, j’ai participé pour la FSU à une délégation – 25 personnes- de syndicalistes, journalistes alternatifs, militants de mouvements (Attac, CADTM, ARCI, Occupy) venus de France, d’Allemagne, de Belgique, du Royaume-Uni, d’Italie, d’Autriche, du Pays Basque, qui s’est rendue à Athènes.
L’organisation dans des délais très courts de cette délégation a été motivée par le deuxième mémorandum imposée par la Troïka à la Grèce. Les créanciers internationaux d’Athènes-zone euro et Fonds monétaire international (FMI)- exigent que la Grèce mette en œuvre ces mesures d’austérité encore plus drastiques avant de pouvoir obtenir le nouveau plan « d’aide » de 130 milliards d’euros. Objectif 3,2 milliards d’euros d’économies en 2012 : baisse de 22 % du salaire minimum, qui passe de 740 à 590 euros (470 euros net/ mois) et de 32 % pour les jeunes de moins de 25 ans (moins de 400 euros net/mois). Les retraites de plus de 1 000 euros ont été réduites de 20 %. À cela s’ajoute un milliard en moins pour les dépenses de santé, la suppression de 150 000 postes de fonctionnaires en 3 ans (sur environ 750 000), le non-remplacement de 4 fonctionnaires sur 5. Le mémorandum prévoit aussi de nombreuses privatisations, à hauteur de 15 milliards d’euros d’ici à 2015, avec la vente des participations publiques dans les compagnies gazière (Depa) et pétrolière (Helpe), la compagnie des eaux (Eydap-Eyath) et des Jeux (Opap).
De plus, la Grèce doit intégrer dans sa constitution la priorité donnée au service de la dette. Un engagement à payer les créanciers étrangers avant toute dépense nationale.
Les objectifs de la délégation étaient d’abord d’exprimer la solidarité des mouvements sociaux européens avec le peuple grec, qui non seulement souffre mais, depuis 2009, se bat sans relâche, organise des résistances multiples.
Il s’agissait de mieux appréhender la situation du pays, les changements qui ont eu lieu également au sein des mouvements sociaux, leurs préoccupations, leurs perspectives, de prendre connaissance des nouvelles expériences qui s’y développent : grèves, manifestations, occupations et formes d’autogestion, mouvements de désobéissance civile comme « Nous ne payons pas… (transport, électricité), réseaux de soutien social dans les quartiers et les villes les plus durement touchés par la crise, etc…
Enfin, nous voulions travailler à une meilleure coopération des mouvements à l’échelle européenne et jeter les jalons d’un agenda commun des mouvements européens.
L’expression de la tension sociale très élevée était palpable dans les rues d’Athènes. La présence policière, armée, dans de nombreux quartiers comme la répression brutale des dernières manifestations en sont aussi l’expression.
J’ai été frappée par le contraste entre, d’un côté, la mobilisation de masse de la société, les multiples résistances sous des formes inventives et, de l’autre, des forces syndicales et politiques qui sont très divisées. Il y a une fragmentation et un manque de dialogue qui restent très fort. Les dirigeants syndicaux disent eux-mêmes leurs désarrois. Ils sont décrédibilisés par leur manque de réactivité au départ et, même si, aujourd’hui, ils ne sont pas hostiles aux mouvements très divers en cours, ils sont en panne de stratégie. Il y a une vraie interrogation sur les perspectives d’action après 16 journées de grève générale en deux ans !
Il y a donc un peuple qui ne se soumet pas, est en résistances multiples et en appelle à la solidarité des mouvements européens.
« Ce n’est pas la charité, ni même une solidarité pour les seuls grecs, c’est une solidarité qui profite à tous, à vous, à tous les européens qui seront touchés tôt ou tard par les mêmes politiques ».
Sophie Zafari
Rencontre avec le syndicat OLME
(syndicat des enseignants du secondaire)
Dans l’éducation, la saignée est rude : de 2009 à 2015, les dépenses publiques vont diminuer de près de 1,5 milliard d’euros .
Entre 2010 et 2011, les effectifs d’enseignants ont déjà diminué
de 10 %. Plus de 1 000 écoles primaires et secondaires sont fermées définitivement, soit une sur 13. Le ministère de l’Éducation prévoit
la fermeture de 800 bibliothèques scolaires (pourtant mises en place et cofinancées par les programmes européens). Les arts ou l’éducation civique, jugées non prioritaires, ne seront plus enseignées au lycée.
Les écoles ont commencé l’année sans livres scolaires,
car le gouvernement a fermé l’institut qui les publie. « Les restrictions financières ont créé un chaos sans précédent, les photocopies
sont le principal matériel pédagogique », dénonce le syndicat.