Nous continuons notre feuilleton de décryptage et de déconstruction – comme il se doit – du programme Macron. Ce troisième épisode du second volet aborde les mesures qui toucheront les fonctionnaires, actif-ves comme retraité-es. Nous reviendrons plus en détail sur ces différents points prochainement…
Épisode 3 : Ce qui attend les fonctionnaires
La politique de Macron ne remettra évidemment pas en question le cadre austéritaire général et les baisses drastiques des dépenses publiques. Au contraire son programme annonce un nouvel assèchement des dépenses de l’Etat à hauteur de 60 milliards sur l’ensemble du quinquennat. Ce sera une économie se cumulant aux 50 milliards de la mandature précédente supportée pour partie par les ministères qui devront se serrer la ceinture. Sous couvert de modernisation de la Fonction publique, les leviers pour atteindre cet objectif sont clairs : suppressions de postes, réorganisation des effectifs, recours aux emplois précaires…
Le ton est donné avec la nomination d’un ministre de l’Action et des Comptes publics, les fonctionnaires n’auront pas la part belle sous la présidence Macron !
Mesure la plus connue du programme Macron, la suppression de 120 000 postes dans la Fonction publique affaiblira encore davantage les services publics déjà fortement touchés sous le dernier quinquennat, avec près de 25 000 emplois supprimés. 50 000 postes en moins dans la Fonction publique d’Etat, 70 000 dans la Fonction publique territoriale, seule la Fonction publique hospitalière serait épargnée. Dans le même temps, il annonce vouloir créer 10 000 postes de policiers et gendarmes et 4 à 5 000 postes dans l’éducation pour financer le dédoublement des CP et CE1 dans l’éducation prioritaire, un « financement » partiel car cette mesure nécessite 12 000 postes… Dans des ministères déjà exsangues, comme au ministère du travail où les personnels étaient massivement en grève le 20 juin pour dénoncer les sous-effectifs, ces mesures vont avoir des conséquences désastreuses sur les services publics et les conditions de travail des agent-es.
En guise de perspective, le recours aux contractuels de droit privé, notamment dans les collectivités territoriales et les ministères non régaliens, laisse craindre le pire dans une Fonction publique où un agent sur cinq n’est toujours pas titulaire aujourd’hui. Les ficelles libérales appliquées à la Fonction publique, c’est plus de précarité et des conditions d’emploi dégradées au détriment des services publics.
La « modernisation » et le décloisonnement du statut des fonctionnaires figure aussi dans le programme Macron, tout comme la fin de l’évolution uniforme des rémunérations. Il est question de scinder la valeur du point d’indice en fonction des trois versants de la Fonction publique, ce qui constituerait une attaque sans précédent portée aux fonctionnaires. C’est la poursuite de l’individualisation des traitements avec l’accentuation du mérite et la reconnaissance de la performance.
Avec l’instauration d’un jour de carence, Macron reprend les poncifs habituels libéraux selon lesquels, au nom du principe de l’équité, il ne peut y avoir deux poids deux mesures entre le public et le privé. Cela serait surtout une injustice supplémentaire à l’égard des fonctionnaires quand dans le privé, les jours de carence sont pris en charge par une grande partie des entreprises…
Le programme Macron prévoit aussi l’alignement des régimes de retraite du secteur privé et public… sur la base du régime de retraites du privé et la mise en place d’une retraite par point rompant avec l’idée de solidarité et entrant dans une démarche d’individualisation des pensions. C’est surtout la base du calcul de référence basé sur les six derniers mois et les possibilités de départ anticipé des catégories actives qui sont visées, mais au final ce seront les montants des pensions des fonctionnaires – et notamment des enseignant-es – qui seront revus à la baisse.
La hausse de la CSG annoncée par Macron pour augmenter le pouvoir d’achat pourrait avoir l’effet contraire pour les fonctionnaires, actif-ves et retraité-es, non soumis aux cotisations – chômage et maladie – qui seront supprimées pour compensation de l’augmentation de 1,7%. Le gouvernement s’est engagé à compenser cette hausse, mais sur quoi ? A défaut, cela se traduirait mécaniquement par une baisse de salaire ou de pension… Merci qui ?