Prison ferme pour des syndicalistes de Goodyear, déchéance de nationalité pour les binationaux, état d’urgence prolongé, loi pénale liberticide, remise en cause des 35 heures, baisse des droits pour les chômeurs-euses, 20 milliards pérennisés pour les patrons, attaques contre les syndicats « bloquant »… Un mois de janvier catastrophique…
Commençons par la prestation ultralibérale de François Hollande devant le Conseil économique social et environnemental lundi dernier sur sa « politique de l’emploi »… L’arsenal de mesures annoncées s’apparente à une « déchéance sociale », doublée d’une volonté de manipulation des statistiques. Les mesures structurelles préparées (code du travail, compte personnel d’activité, loi El Khomri) ou confirmées (zéro « charge sociale » au niveau du SMIC) vont loin dans le démantèlement des acquis sociaux. D’une part, les coups portés au salaire collectif que représente la protection sociale sont redoublés et on annonce encore des baisses d’indemnisation pour les chômeurs lors de la prochaine convention en février. D’autre part, avec la réécriture du code du travail, c’est un siècle de droit social qui est menacé. La formation annoncée de 500 000 chômeurs (retirés des statistiques…) coûte 1 milliard. D’un seul coup, il y a de l’argent public. Tout va très vite, comme pour les mesures sécuritaires ! L’austérité permanente s’évanouit devant les impératifs élyséens.
Et pour celles et ceux qui seraient tenté-es de résister, le bâton est là… Alors que le chômage atteint des records historiques et que la région Picardie est l’une des plus meurtries par la désindustrialisation, huit salarié-es de Goodyear viennent d’écoper d’une peine démentielle alors qu’ils défendaient leur usine, leur emploi. Vingt-quatre mois de prison dont neuf fermes : c’est du jamais vu pour des salarié-es en lutte !
Cela marque une nouvelle étape dans la criminalisation des mouvements sociaux, avec l’aval de la puissance publique. C’est en effet le parquet qui a décidé de poursuivre les anciens salariés de l’entreprise. Et pour en rajouter explicitement une couche, Jean-Marie Le Guen s’est lancé dans une diatribe violente contre les syndicats qui osent refuser les accords de travail du dimanche dans le commerce.
A la déchéance sociale vient s’ajouter la déchéance morale. L’air du temps est aux restrictions des libertés, individuelles et collectives. Voilà donc qu’Hollande fait annoncer qu’il va demander une prolongation de l’état d’urgence, couplée à une constitutionnalisation de celui-ci et à une loi pénale marginalisant le législatif et le judiciaire…Du jamais vu et venant d’un gouvernement se disant « de gauche » ! Et cerise sur le gâteau, l’ignominie avec la déchéance de nationalité pour les binationaux, frappant le droit du sol et ouvrant la porte aux idéologies de purification nationale…
Il faut de la résistance pour reconstruire sur les débris d’une gauche en déchéance politique. Des résistances, il y en a. Contre l’état d’urgence permanent, pour la défense des libertés démocratiques le 30 janvier. Pour les salaires de la Fonction publique, contre la réforme des collèges le 26 janvier. Le chemin sera long et il en faudra d’autres… Nous en serons ! ●
Laurent Zappi