Débat action – Le féminisme : un combat prioritaire dans la période


J’interviens au nom de l’École Émancipée sur la question féministe. La situation politique actuelle impose que le texte action du SNES-FSU évoque plus largement qu’il ne le fait ces questions. 

En effet, comme dans tant d’autres cas, le bilan des années Macron est plus que discutable en la matière : si la cause des femmes devait être au cœur des quinquennats, si l’on peut se féliciter de l’inscription de l’IVG dans la constitution, on sait combien le difficile accès à un rendez-vous ou le maintien de la clause de conscience par exemple sont autant d’obstacles à l’exercice de ce droit. 

On peut penser au soutien, réaffirmé, du président à Gérard Depardieu dont les violences verbales et physiques à l’égard des femmes sont inacceptables. 

On peut songer aussi au nombre effrayant de féminicides en France : ce ne sont plus des promesses ou de grands discours dont on a besoin mais, entr’autres, de moyens à la hauteur de l’enjeu ou de formation pour les personnes qui reçoivent les plaintes. En l’espèce, l’Espagne a pris les choses en main et pourrait nous servir de modèle comme pour le congé menstruel ou la petite enfance, notamment en termes d’accueil. 

Enfin, en utilisant le terme de « réarmement démographique », le président fait appel à l’imaginaire réactionnaire lié à la Défense nationale et au soutien sacrificiel et inconditionnel de la mère française.

Par ailleurs, les idées d’extrême droite prolifèrent sur un terreau masculiniste et patriarcal qui se diffusent et se développent notamment sur les réseaux sociaux (exemple récent, Tibo in shape), donc auprès des plus jeunes : ce sont nos professions qui sont à même de lutter contre ce type de discours en les décryptant et en les déconstruisant notamment au sein des EAS qui permettent également d’aborder les questions LGBT, autre cible des mouvements réactionnaires. Il nous semble donc indispensable d’ajouter un point sur L’EAS dans le texte.

On comprend dès lors que l’extrême-droite utilise à ses propres fins ces marche-pieds politique et médiatique pour jouer la surenchère sur la femme, épouse et maman, la femme à protéger de l’islamiste qui voile ou de l’Etranger qui viole, la Femme avec un grand F qui ne se perd pas dans des réflexions lgbt ou woke, Marine, la dame aux chats, devenant Marianne, bouclier de la République en danger. 

On sait déjà comment l’extrême droite traite ces questions à l’internationale (Italie, Pologne, Hongrie, Etats-Unis).  Giorgia Meloni autorise les associations anti-IVG dans l’équivalent des plannings familiaux. En Pologne, l’IVG a été criminalisé par l’ancien gouvernement d’extrême droite et l’on sait assez les problèmes que posent la décision que pose la cours suprême des Etats-Unis pour les femmes qui souhaiteraient avorter. 

Il nous semble donc, à l’École Émancipée, que la situation est trop grave pour accorder si peu de place dans nos textes à ces questions : pour les droits des femmes aussi, il faut faire barrage à l’extrême droite et à la macronie, qui, quand elle ne se paye pas de mots, réamorce des idées rances sur le sujet.