Irène Docekal (CAN, Bordeaux)
Nous avons toujours déclaré être porteurs et porteuses d’un syndicalisme de transformation sociale. C’est un consensus fort au sein du SNES et de la FSU au delà des différences de tendances et de champs professionnels. Prendre au sérieux la transformation sociale, c’est réfléchir à une autre société globalement, une société qui rompt avec celle définie par l’ordre capitaliste existant. Cela passe par un projet dans lequel l’éducation, les services publics, l’action syndicale ont une place importante évidemment, mais au service d’un idéal d’émancipation qui est au centre de nos luttes.
Or cet idéal, nous devons pouvoir le penser, car s’il est transversal à nos mandats, ceux-ci en dernière analyse sont là pour le servir et le mettre en mots.
Ceci implique de développer une réflexion politique qui dépasse les champs précédemment évoqués :
- la situation internationale ne peut être pensée par le seul prisme des rapports intersyndicaux internationaux,
- les droits et libertés fondamentales des habitant-es de ce pays, quelle que soit leur nationalité ne peuvent être pensées seulement par les questions d’accès au service public,
- les enjeux climatiques de demain ne sont pas seulement présents dans les programmes scolaires ou les questions de bâti scolaire,
- la place des retraité·es dans la société va bien au delà des questions de protection sociale….
L’intention d’efficacité est évidemment louable, mais le gain de temps annoncé par la redistribution des enjeux politiques dans les thèmes 1, 2 et 4 nous semble utopique.
En effet, si l’on fait effectivement en sorte que tous les sujets habituellement développés dans le thème 3 irriguent les thèmes restants, ceux-ci seront alors pléthoriques et difficiles à traiter dans leur ensemble, notamment dans les congrès académiques.
Et si certains sujets disparaissent, c’est la cohérence globale de la réflexion du SNES qui va se trouver affaiblie.
Par ailleurs, la suppression du thème 3 est sensée libérer du temps pour se consacrer à l’action. Or les textes action de congrès ont leur importance immédiate mais ils ont aussi une validité limitée dans le temps, à la différence des mandatements qui restent le cœur de l’utilité d’un congrès syndical. Nos mandats alimentent notamment nos réflexions à l’échelle fédérale où nous avons un thème 3 à traiter. Laisser aux seuls congrès fédéraux des temps de débat sur les enjeux globaux nous semble être une prise de risque non négligeable : celle qu’un nombre important de militant-es du SNES ne soient plus au prise avec les enjeux dans leur globalité et que les discussions n’existent dès lors qu’au sein d’un cercle plus restreint de militant.e.s impliqué.e.s dans les discussions fédérales.
Pour toutes ces raisons, nous sommes en désaccord avec le découpage proposé en trois thèmes. Cette proposition vient heurter notre conception du syndicalisme de transformation sociale porteur d’une alternative globale qui était jusque là un point de synthèse entre nous.
Nous demandons donc avec force le maintien du thème 3 tel qu’existant.