La crise sanitaire que nous subissons n’empêche pas le gouvernement Castex et son zélé ministre de l’intérieur Darmanin de nous préparer des lendemains qui déchantent en terme de libertés publiques et de droits. Le projet de loi dit de sécurité globale est en effet un concours Lépine de la régression des droits. De nombreuses propositions sont dignes des états autoritaires. Ainsi, le projet de loi veut interdire de filmer les forces de l’ordre – leurs visages et matricules – en pleine action de maintien de l’ordre, de répression ou de violences. La défenseure des droits Claire Hédon ne s’est pas trompée en parlant d’atteinte aux libertés de la presse et à l’information. Les forces de l’ordre pourront matraquer, mutiler sans que les images indépendantes soient autorisées. Or, sans ces vidéos, la réalité des violences policières serait niée dans son évidence, alors qu’elles ont permis à la société d’en prendre conscience. Curieuse conception d’une police républicaine qui serait au-dessus des lois de la dite République et qui œuvre déjà parfois cagoulée, avec les numéros d’immatriculation masqués.
Ce projet de loi recèle aussi de propositions destinées à rendre anxiogène les manifestations : utilisation de drones, caméras portables reliées aux centres de commandement… Ces dispositifs de surveillance et de reconnaissance faciale permettront à l’État de constituer des fichiers et donc de mieux contrôler les opposant·es, les manifestant·es. On risque de voir s’accroître les gardes à vue « préventives », les interdictions de manifester.
Avec ce projet de loi, nous glissons vers une surveillance de masse et une remise en cause du droit à la vie privée. En agissant de la sorte, le gouvernement et sa frange la plus autoritaire font fausse route car jamais de telle mesures n’empêcheront la population de manifester, de s’opposer. La FSU a clairement pris position contre cette dérive étatique et demande l’abandon de ce projet de loi. Il en va de notre conception des libertés fondamentales et du fonctionnement de la démocratie.
Credit image : (cc) Etienne Pouvreau sur Flickr