Il y a tout juste 5 ans, un certain JM Blanquer publiait SON livre, celui où il faisait connaître au grand public le destin qu’il réservait à l’éducation nationale.
Arrivé depuis au ministère, cet homme n’a plu eu qu’une seule idée en tête : s’employer méthodiquement et fidèlement à dérouler son programme chapitre par chapitre. Pour quelqu’un qui ne voulait pas faire de loi, la liste des réformes entreprises ou menées à leur terme est impressionnante et touche l’ensemble du système éducatif dans toutes ses dimensions : de la maternelle à l’entrée à l’université, des contenus aux pratiques, des structures d’enseignement à l’organisation du service public d’éducation. Une chose est certaine est qu’elles ont toutes été menées de façon violente et autoritaire, sans concertation avec les organisations syndicales ni prise en compte du malaise qu’elles engendraient dans les écoles et les établissements.
De plus, elles l’ont été sur la base de discours habiles et mensongers sur leurs véritables finalités : de l’autoritarisme et du mépris sous couvert de confiance, une école de plus en plus sélective sous couvert de lutte contre les inégalités, un recours revendiqué à la science en écartant des pans entiers de la recherche, un formatage méthodique des pratiques comme renforcement de la formation, des clopinettes en lieu et place des augmentations salariales annoncées.
La réforme en cours de la formation continue est encore plus inquiétante : avec des avancées de carrière dépendantes de l’engagement, volontaire ou non, dans des modules de formation conformes à la politique éducative et se déroulant essentiellement sur le temps libre des enseignant-es, le ministère introduit le « management participatif » comme outil de gestion des carrières. La réforme de l’EP va dans le même sens, celui de conditionner les moyens accordés à des objectifs de réussite et réduire les moyens en direction de catégories de la population auxquelles on donnerait trop pour des résultats incertains. La logique d’entreprise privée s’imposerait alors de manière durable dans l’école publique. La FSU, en quittant le Grenelle de l’éducation, a pris la mesure de toutes ces dérives inquiétantes et a agi en conséquence.
L’état de sidération dans lequel sont plongé-es nos collègues est l’une des conséquences de cet agir politique. Le défi pour nous dans la période qui vient sera de les en sortir pour les amener à dire leur épuisement professionnel face à ce rouleau compresseur qui tient lieu de ministre et à réaffirmer leur attachement à une école du progrès social et de l’émancipation. Nous devrons leur fournir tous les moyens de décryptage de cette politique délétère et marteler que ce ministre ne s’arrêtera que quand son programme sera intégralement mis en place. Blanquer est dangereux : pour notre métier, pour nos élèves, pour la société mais on peut encore l’arrêter. Nos outils : analyser, informer, dénoncer, s’opposer par la grève et construire les bases d’un nouvel élan pour l’école. Dans les grèves du 26 puis du 4 et plus, opposons lui notre plan d’urgence pour l’école et poursuivons notre campagne pour une école démocratique et émancipatrice. C’est par l’opposition massive de toute la profession que nous réussirons. Nous avons amorcé le combat, affichons notre détermination à continuer la lutte.
Blandine Turki