Notre ami – et directeur-gérant de notre revue – Nicolas Béniès a récemment publié un petit livre sur le marxisme qui mérite attention. En un nombre assez réduit de pages, l’auteur s’essaie à présenter de manière à la fois précise et succincte les principaux ressorts de la pensée de Marx en matière d’économie. Livre concis et utile, il peut par là même rendre d’utiles services aux lycéens s’essayant à comprendre les analyses marxistes.
Ils y trouveront l’exposé des concepts fondamentaux du Capital, de la notion de « force de travail » à la distinction entre capital constant et capital variable… Mais ce petit livre n’est pas seulement un résumé de la pensée économique de Marx à l’usage de lecteurs pressés ou débutants, c’est aussi la défense d’une méthode d’appréhension du réel qui se veut scientifique et qui refuse tout dogmatisme. Dénonçant les multiples préjugés qui courent sur l’œuvre de Marx, Nicolas Béniès rappelle sa démarche « inductive-déductive » où l’abstraction des concepts est le moyen d’aller chercher au-delà de la réalité apparente les véritables enjeux qu’elle masque. Mais ce serait une erreur de chercher à ne garder de Marx que ses qualités d’analyse et de l’amputer de la part critique que son œuvre porte : la volonté de transformer le monde est intrinsèquement liée à celle de le comprendre.Evolutive par nature, la pensée de Marx est appelée à lui survivre et reste de pleine actualité pour comprendre les différentes étapes de l’évolution permanente du système capitaliste. Au régime fordiste qui a vu la naissance et le développement de l’Etat-providence a succédé un régime où c’est la finance qui domine. La dégradation des conditions de travail et la paupérisation qui le caractérisent conduisent à des politiques répressives et n’empêchent pas la crise de s’installer. Une crise que l’œuvre de Marx continue à nous aider à comprendre pour mieux la dépasser, non qu’on y trouverait des formules toutes faites qu’il suffirait simplement d’appliquer mais parce qu’elle est riche de concepts pertinents qui donne une méthode.
Loin d’être une sorte de manuel scolaire, ce petit livre relève plutôt d’une défense et illustration de l’actualité du marxisme. S’achevant sur quelques pistes bibliographiques, il se veut point de départ d’une nécessaire réflexion à venir. [*Nicolas Béniès, Marx, le capitalisme et les crises, La ville brûle, 2010.*]