Victoire ! le ministère de l’Education Nationale vient d’accéder à une vieille revendication du Snes et de son courant majoritaire : l’élévation du niveau de recrutement des enseignants du second degré. En effet à partir de l’année prochaine les professeurs certifiés et agrégés seront recrutés à l’issue de la deuxième année de master, soit Bac + 5. Pourtant, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est difficile de se réjouir de cette situation. Tout d’abord parce que cette élévation du niveau de recrutement ne signifie en rien une élévation du niveau de qualification : la licence reste le niveau de connaissance disciplinaire permettant d’accéder au master d’enseignement, alors qu’une grande partie des enseignants recrutés ces dernières années avaient, au moins, le niveau maîtrise…Ensuite, parce que cette revendication était assortie de « l’exigence » de mise en place de pré-recrutements. Patatras ! le ministère a malencontreusement oublié de prendre en compte cette exigence du Snes. Nous voilà donc confrontés directement à ce que l’Ecole Emancipée répète depuis des années : cette élévation du niveau de recrutement va se traduire très concrètement par un allongement de la durée d’étude nécessaire pour devenir enseignant et, de ce fait, rendre l’accès au métier encore plus difficile pour de nombreux étudiants, tout particulièrement ceux issus des milieux les moins favorisés au moment même où la crise économique les frappe les plus durement. Enfin parce que cette modification du recrutement risque de renforcer l’éclatement de la profession : il va donc falloir mettre en place des grilles indiciaires pour les enseignants recrutés avec un master s’ajoutant à celles existantes déjà. Au Snes, il y a des Papous agrégés avec master, des Papous certifiés avec master, des Papous certifiés sans master, des agrégés sans master, etc, etc… L’Ecole Emancipée défend depuis toujours la revendication d’un corps unique des enseignants qui ne pourrait que renforcer les solidarités dans la profession.
Victoire disions nous : avec de tels succès, Pyrrhus n’a décidément rien à nous envier.
Laurent Boiron, Eé versailles