Construire le rapport de force, Peser sur les choix
Un monde en feu
La période estivale a été marquée par des catastrophes climatiques qui n’ont rien de « naturelles » : les libéraux ne mènent aucune politique susceptible d’inverser la catastrophe annoncée. Le dernier rapport du Giec ne peut pourtant pas être un rapport de plus et la rupture écologique doit devenir la priorité de nos préoccupations.
La débâcle des États-Unis et de ses alliés en Afghanistan est un désastre qui devrait signifier la fin des interventions françaises. L’accueil des Afghanes et des Afghans doit être garanti sans condition. La politique de Macron, tant par la faiblesse des moyens d’évacuation engagés que ses déclarations xénophobes sur les flux migratoires, est indigne et fait le jeu de l’extrême droite.
Pas question de payer leur crise
La situation sanitaire n’était pas réglée au début de l’été. Macron a donc acté la mise en place d’un pass sanitaire obligatoire pour certains lieux, de l’obligation vaccinale pour certaines professions. Et si cela ne suffisait pas, ces annonces ont aussi été l’occasion pour Macron de « remettre le couvert » notamment sur les retraites. Ce cocktail explosif de mesures liberticides et antisociales ne pouvait que déclencher la colère d’une population devenue légitimement méfiante vis-à-vis de cet exécutif.
Si nous n’avons pas participé aux manifestations du samedi quand elles se déroulaient sous l’égide de l’extrême-droite et quand elles déroulaient des revendications individualistes, au mépris de l’intérêt collectif, nous pensons néanmoins qu’elles sont révélatrices d’une crise de confiance et d’une crise politique.
Nous ne pouvons que nous inquiéter de l’émergence de mouvements au sein desquels les idées d’extrême-droite prospèrent sur la colère ressentie. Le mouvement syndical a tout intérêt à trouver le moyen de permettre l’expression de la colère populaire, qui est aussi le résultat de la gestion jupitérienne de la crise, en proposant des initiatives sur ses bases et ses valeurs, pour construire l’opposition à la politique antisociale de ce gouvernement.
Car le « quoi qu’il en coûte » est en réalité une politique de soutien au capital : le gouvernement a versé des aides aux entreprises, pas aux salarié·es qui devront payer la crise. C’est aussi le retour de la même musique de la « dette abyssale » et « il faut travailler plus » … Musique qui présage de nouvelles mesures régressives dès la rentrée 2022, notamment la réforme des retraites. Pour le mettre en échec, le mouvement social sera déterminant.
Sortir de l’impasse sanitaire
La question sanitaire revêt de forts enjeux. La vaccination est la meilleure solution actuellement disponible pour lutter contre la pandémie, il est donc nécessaire d’œuvrer à sa généralisation. Pour répondre à la défiance ambiante, nous devons nous positionner clairement :
– la fracture vaccinale est une fracture sociale et internationale : il faut permettre aux populations les plus éloignées de la vaccination d’y avoir accès. Cela suppose en France un travail de conviction, mené par des professionnels au sein des quartiers, dans les zones rurales excentrées. Mais la réponse doit aussi être mondiale. Or aucune solidarité internationale n’est à l’œuvre. Il faut se mobiliser pour gagner la levée des brevets et la réquisition de sites pour produire des vaccins.
– La situation sanitaire ne se résume pas à la crise du Covid : l’état de l’hôpital public, les déserts médicaux, les lobbys des labos… Il faut des politiques de santé publique sur le long terme, pour l’ensemble de la population.
– La vaccination permet d’assurer la protection de la population. Mais elle ne pas conduire à la stigmatisation d’une partie des salarié·es. Le pass sanitaire, et son lot de sanctions et de contrôle, est une mesure liberticide supplémentaire de ce gouvernement. Nous y sommes opposé·es.
Rentrée scolaire sous Blanquer
Malgré 18 mois sous Covid, rien n’a été correctement prévu. Les fermetures de classes en primaire ont eu lieu dès la première semaine. Qu’en sera-t-il dans deux mois, faute de mesures pour améliorer l’aération et d’organisation de tests massifs et réguliers dans les écoles que nous réclamons ?
Le SNUipp-FSU porte depuis des mois un plan d’urgence pour l’école : recrutements pour baisser les effectifs et permettre de « rattraper » les confinements, reconnaissance salariale…
Aucune demande n’a été entendue : cela constitue un mépris supplémentaire pour la profession !
Au-delà de la situation sanitaire, ce sont les politiques éducatives qui inquiètent les collègues : mise sous tutelle de l’agir enseignant, contractualisation de l’éducation prioritaire, caporalisation du métier… cet ensemble conduisant à l’affaiblissement du service public d’éducation et au creusement des inégalités scolaires.
Les annonces de Macron à Marseille sont celles d’un candidat aux présidentielles. Il veut piloter le service public d’éducation sur un mode libéralo-austéritaire en contractualisant ce service public. Qui peut légitimement penser qu’un·e directeur ou une directrice qui choisirait les personnels puisse répondre à la crise du bâti marseillais ? Que les plafonds qui s’effondrent auraient comme réponse la fin du statut ?
Particulièrement maltraité-es par l’institution, les AESH subissent une dégradation de leurs conditions de travail dans les PIAL avec des accompagnements en hausse, des affectations sur plusieurs établissements et des pressions inacceptables.
En lieu et place de moyens, d’une politique éducative qui permette l’accès du plus grand nombre aux apprentissages, Blanquer multiplie les polémiques et les insultes : la campagne sur la laïcité repose sur des discriminations racistes implicites, la petite phrase sur les écrans plats et l’allocation de rentrée est une insulte envers les familles populaires. Quant au Grenelle, et à la revalorisation « historique » qu’il promettait, c’est un mensonge de plus.
Blanquer est un ministre détesté par la profession, il faut exiger sa démission. Cela portera un coup à la politique éducative portée par ce gouvernement que le SNUipp-FSU dénonce et combat.
Une rentrée sociale et combative
La crise sanitaire n’a pas empêché ce gouvernement de mener ses politiques régressives, bien au contraire. Le syndicalisme de transformation sociale tente aujourd’hui de construire une opposition résolue à ces politiques. Des mobilisations sont d’ores et déjà prévues : Le 23 septembre, le 1er octobre avec les retraité·es, le 5 octobre dans l’interpro, le 19 octobre avec les AESH.
Le SNUipp, avec la FSU, doit mettre tout en œuvre auprès des collègues pour en assurer la réussite.
Et ces initiatives ne doivent pas rester sans lendemains : le mouvement syndical doit rester à l’offensive et donner des perspectives d’action ultérieures. Car tout ceci participe de la démonstration de l’orientation libérale et autoritaire qu’il faut combattre. Tout comme les questions écologiques, les attaques contre les libertés, les mobilisations féministes doivent déboucher sur les mobilisations qui rassemblent le plus grand nombre. Et si sur le plan politique, la question électorale va peser inévitablement dans les débats, cela ne doit pas être paralysant. La recherche de l’unité la plus large, y compris avec certaines composantes politiques, doit rester un souci constant.
Construire un mouvement social fort permettra de lutter contre l’offensive libérale et contre la montée des idées d’extrême-droite : la responsabilité du syndicalisme est engagée.