A ce jour, le bilan du massacre survenu à Paris et à Saint Denis le vendredi 13 novembre est de 129 mort-es. Toutes ces personnes mortes ou blessées, ce sont nous. Nous, nous rendant au concert, à la terrasse d’un café, dans un stade. Alors que les attentats de janvier visaient des symboles les attentats de novembre prennent pour cible le peuple dans toute sa diversité.
Par cette tuerie ignoble, Daesh importe sur notre territoire l’horreur qu’il fait vivre aux populations en Syrie, en Irak, au Kurdistan. 129 mort-es ici, à Paris, c’est insupportable. Tout comme le sont les 43 mort-es des attentats survenus à Beyrouth la veille, ou les plus de 100 personnes tuées à Ankara mi-octobre. Tout comme les 150 personnes qui meurent quotidiennement en Syrie depuis le début du conflit.
Le gouvernement français parle de guerre. Mais la guerre n’a pas débuté vendredi, elle existe depuis près de 30 ans. En Afghanistan, en Irak, où les Etats-Unis et leurs alliés sont intervenus militairement et ont déstabilisé des régions entières devenues ainsi un terreau favorable pour le développement de groupes politiques fanatisés dont Daesh est issu. Depuis 2011, la France a lancé quatre opérations extérieures : en Libye, au Mali, en Centrafrique et en Irak, aujourd’hui étendu à la Syrie, tout en terminant celle d’Afghanistan. La France est en guerre depuis 2001 de manière continue. Une guerre qui ne dit pas son nom.
Le choix d’une logique de guerre
Aujourd’hui le gouvernement français intensifie les bombardements en Syrie en réponse aux attentats de vendredi dernier. Il prend le rique de s’enfoncer ainsi dans une logique de guerre qui a largement démontré son inefficacité à combattre le terrorisme. On se souvient, c’est le choix qu’avait fait Georges Bush suite aux attentats du 11 septembre. Quatorze ans plus tard, le terrorisme n’a pas été défait, bien au contraire et la guerre s’est étendue dans la région. Il faut ajouter à cela la politique extérieure des pays occidentaux d’alliances avec les pétromonarchies du Golfe qui participent du financement des groupes terroristes visés par les ripostes occidentales. Tout ceci engendre une situation de chaos qui conduit à un état de guerre sans fin. Face à ce constat, d’autres choix sont possibles et indispensables pour aboutir à des solutions durables.
Il s’agit, au contraire, de s’attaquer aux causes profondes des désordres du monde, qui ont à voir avec un régime d’inégalités économiques, sociales et environnementales généralisées.
Faire le choix de la diplomatie, du soutien aux populations. Entrer clairement dans une logique de paix.
Un État d’exception
En parallèle, le gouvernement français fait le choix d’un État d’exception en renforçant les politiques de restriction des libertés publiques et de contrôle des populations, comme auparavant aux États-Unis avec le Patriot Act. Pourtant, depuis 1995, la France est en plan Vigipirate avec une gradation qui ne cesse de monter. Pourtant l’armée est déjà déployée sur le territoire national et carte blanche a été donnée aux services de renseignement en matière d’interceptions électro-magnétiques. Le choix qui est fait est de durcir un existant qui n’a pourtant pas pu empêcher les attentats.
En installant aujourd’hui l’état d’urgence et surtout en décidant de le prolonger, le gouvernement français se dote dans la durée d’un arsenal d’interventions s’affranchissant du contrôle de la justice, permettant la multiplication des écoutes, des perquisitions, des fouilles… Et il ambitionne une réforme constitutionnelle élargissant encore la logique sécuritaire en reprenant à son compte des propositions de la droite comme la déchéance de nationalité ou l’évolution de la légitime défense des policiers.
S’agissant des interdictions de manifester, le gouvernement envisage « d’annuler » les mobilisations prochaines face à la Cop 21. Il est inenvisageable que la COP 21 se déroule sans la participation ni sans les mobilisations de la société civile et du mouvement social. L’ensemble des mobilisations organisées par la coalition Climat 21 doit se tenir en toute sécurité.
Nous ne sommes pas seuls à porter la nécessité d’un autre regard et d’une autre analyse sur le processus meurtrier en cours. La FSU doit travailler à construire les convergences pour la défense des libertés et pour la construction d’une paix juste et durable au Moyen Orient.
Ni pacte de sécurité, ni pacte de stabilité !
Pour justifier le coût de ces mesures sécu- ritaires et guerrières, François Hollande a annoncé que « le pacte de sécurité l’emporte sur le pacte de stabilité ». Pour autant, pour le reste des dépenses de l’État, notamment celles liées aux services publics, le pacte de stabilité et sa logique d’austérité restent en vigueur. Tout est bien une affaire de choix politique.
Il faut en finir à la fois avec cette logique de guerre et son cortège funèbre et avec cette politique libérale qui accroît le chômage et la désespérance sociale.