Ce Conseil National se tenait au retour du congrès FSU de Poitiers, au retour également des vacances d’hiver.
C’était surtout la première instance du syndicat qui se tenait après la grève réussie du 12 février, mais juste avant la manifestation nationale du 6 avril à l’appel de la seule FSU.
De même, nous étions à la veille des dernières décisions des communes concernant l’application de la réforme des rythmes.
Les enjeux allaient donc se centrer sur les questions d’action, des rythmes et d’appréciation de la loi d’orientation en discussion au Parlement.
Le climat social que ce soit au niveau mondial et européen ne permet guère d’optimisme dans la période. La crise économique et financière continue de s’étendre. Au moment du CN, c’était au tour de Chypre de faire l’actualité. Alors qu’en France les chiffres du chômage tombaient avec l’annonce de plus de 3 millions de chômeurs inscrits à Pôle Emploi.
Pour autant, la riposte collective se fait attendre. Après les manifestations du 5 mars contre l’ANI qui a vu une faible participation des militants de la FSU, pas de perspectives en vue. Et ce sujet, comme celui de la crise et de l’austérité a été malheureusement peu présent dans nos débats. Alors qu’il y aurait nécessité à faire le lien entre les politiques d’austérité menées, y compris en France, et la politique éducative engagée par le gouvernement tant au niveau de l’orientation que de la programmation. Cela aurait pu être un vecteur de mobilisation pour le 6 avril.
Débat général
Concernant l’action, peu d’interventions pour revenir sur la grève majoritaire du 12 février, pour en tirer le bilan et pour s’en servir comme tremplin pour la suite de l’action. Il faut dire que la date du 6 avril et de la manifestation nationale à Paris étaient déjà dans le paysage et quasiment toutes les sections ont fait part de grosses difficultés à mobiliser. Manque de lisibilité, rendez-vous tardif au regard de la mobilisation du 12 février et du calendrier des rythmes, … La loi d’orientation en tant que telle ne fait pas recette pour créer les conditions de la mobilisation. En tout cas l’appréciation du syndicat dans sa globalité ne permet pas d’aller dans ce sens.
Ces reproches ont été pointés par plusieurs sections, dénonçant l’accompagnement de la politique gouvernementale du SNUipp et son manque d’analyse critique.
Y compris sur le « Plus de maitres que de classes », les sections ont dénoncé un dispositif éloigné des revendications du SNU, avec la mise en place de profilage des postes, de contractualisation. Il a été rappelé la nécessité d’avoir une appréciation globale de la réforme.
Pour autant, peu de propositions sur la question de l’action. Seule une section a évoqué la possibilité d’une nouvelle journée de grève mais idée qui n’a pas eu d’écho.
Sur les conditions de la rentrée, les départements ont fait état de difficultés qui perdurent. Les mesures de carte scolaire, d’une manière générale, ne verront pas d’amélioration concrète dans les départements, notamment dans les secteurs ruraux. D’une manière générale, les effectifs par classe ne seront pas améliorés. La création de 3000 postes pour la rentrée 2013, si elle rompt avec la logique des années précédentes, ne suffira pas à assurer la prochaine rentrée dans de bonnes conditions.
Plus de maîtres que de classes, scolarisation des moins de trois ans, ces dispositifs n’existeront pas ou à la marge. Les DASEN auront préféré des ouvertures de classes.
S’ajoutent à cela un blocage annoncé du mouvement des personnels suite aux postes réservés pour les stagiaires.
La question des rythmes reste d’actualité bien que la plupart des communes aient fait leur choix entre 2013 et 2014, avec ¾ des élèves pour qui la réforme ne s’appliquera pas à la prochaine rentrée.
La situation reste compliquée et il y a nécessité de rester mobilisés sur cette question, notamment en demandant la réécriture du décret pour sortir du carcan des 9 ½ journées.
La question de la territorialisation a été largement développée, essentiellement par des camarades de sections EE ou de l’équipe nationale. Nous avons pointé les liens avec la loi de décentralisation, le renoncement du gouvernement à transformer l’école de l’intérieur avec les enseignants et donc le choix de s’appuyer sur l’extérieur, vision de l’école bien éloignée de celle du SNUipp.
L’égalité territoriale reste l’enjeu de la réforme et il y a nécessité de s’emparer de cet aspect des réformes en cours.
D’autres sujets sont pointés dans le débat général : la question des RASED avec des interrogations sur la complémentarité entre les dispositifs d’aide, l’organisation des RIS et les droits syndicaux, la direction d’école et les allègements de service liés à l’APC, affelnet, la question salariale, l’inspection des enseignants, …
Globalement le débat général, combatif, argumenté et de qualité sur le fond sans être trop acerbe sur la forme, a montré la nécessité d’être, de rester à l’offensive sur toute une série de questions. Est apparu le besoin de restaurer la confiance vis-à-vis de la profession, la nécessité d’être porteurs de propositions. Avec la nécessité de réussir la manifestation nationale du 6 avril.
Congrès de Saint-Malo
La fin de l’après-midi a été consacrée à une présentation suivie d’un échange autour des textes préparatoires au congrès de Saint-Malo qui se tient du 10 au 14 juin.
Quelques remarques ont été faites, notamment sur ce que nous entendions par syndicalisme unitaire avec la question essentielle du cadre unitaire et des partenaires privilégiés (thème 3) ou sur la question des rémunérations et l’éventuelle revendication de la création d’une indemnité pour les enseignants du premier degré (thème 2).
Sur le thème 1, le « manque de rupture » a été introduit deux fois dans l’intro, l’ouverture sur un « socle Peillon » acceptable a été atténuée… Il restera du travail.
Les textes finalisés vont parvenir aux syndiqués avec le prochain Fenêtre sur Cours et seront l’objet d’un travail d’amendement dans le cadre des congrès départementaux.
Texte Action
(Pour : 76 Contre : 5 Abstention : 14 NPPV : 0)
Le travail autour du texte action a permis de faire évoluer l’appréciation du SNUipp sur un certain nombre de sujet, notamment sur la loi d’orientation en prenant appui sur les textes votés lors du congrès FSU. Si on le compare aux textes actions depuis l’élection de mai 2012, des analyses sont beaucoup plus pointues et pertinentes ; ce qui pose problème, c’est l’ordre et la conception de la synthèse. Le texte cherche les points positifs puis accepte les amendements qui caractérisent négativement, alors que la réalité, c’est une politique de continuité, avec quelques concessions de forme. Il y a aussi difficulté à trouver une synthèse, ce qui aboutit à un effet « tranche napolitaine », de ce point de vue ce texte action est meilleur parce que les couches acceptables sont plus nombreuses…
Pour autant, cette évolution n’a pas été jugée suffisante par un certain nombre de sections dont les votes se sont portés en contre ou en abstention.