La question de la démocratisation scolaire passe par la lutte pour l’égalité. Si, au SNUipp-FSU, nous en sommes conscients et convaincus depuis longtemps, le congrès de Rodez nous a permis de mettre cette question au premier plan et d’en faire le fer de lance de notre corpus revendicatif. Même les candidats à la primaire de la droite se mettent à s’offusquer du fait que la France soit le pays de l’OCDE qui entérine le plus les inégalités sociales et les transforme le plus en inégalités scolaires. Mais on voit aussi que les solutions qu’ils avancent amplifieront inévitablement cet état de fait. Notre responsabilité est non seulement d’imposer dans le débat la nécessité de faire de l’école la grande cause qui permettra de dépasser les déterminismes sociaux et de faire de la diversité une richesse mais aussi de mettre en avant des leviers pour y parvenir.
Informer, revendiquer et agir sont les trois axes dans lesquels nous sommes engagés en ce début d’année. Informer en faisant un état des lieux et un bilan des politiques éducatives appliquées depuis plus de 15 ans, informer pour ne pas laisser l’affichage de bonnes intentions et des prétendues avancées prendre le pas sur le réel auquel sont confrontés les élèves et les enseignants. Proposer et revendiquer à partir des mandats que nous avons construits collectivement et qui constituent un projet ambitieux pour l’école. Ces deux axes permettront l’écriture du livre blanc qui nous produirons dans les semaines qui viennent et qui alimentera le projet de la fédération et le colloque de décembre. Informer et revendiquer pour inverser l’ordre habituel des choses : c’est à partir de notre projet que nous pouvons et devons imposer aux politiques de discuter. Nous sommes les experts de l’école, ne nous laissons pas déposséder de cette expertise et imposer des réformes qui n’auront d’autre ambition que d’afficher une volonté faussement égalitaire à ceux qui les portent.
Agir dès maintenant aussi : la campagne des APC est le premier pas d’une reprise en main du travail par les professionnels que nous sommes. Les APC, comme l’AP dont elles découlent, n’ont jamais fait la preuve d’un effet positif sur la réussite scolaire et sur la diminution des inégalités scolaires. Plutôt que de perdre du temps à assurer des heures inutiles, le SNUipp-FSU revendique du temps pour se former, travailler à la construction des collectifs de travail et à l’élaboration de réponses adaptées avec en ligne de mire la déconnexion du temps élèves et du temps enseignant-e dans un avenir proche. Ce premier pas, il ne faut pas le manquer : face à la multiplication des réformes sans effets, opérons des choix éclairés à l’aune de notre projet. Tous les départements ne sont pas au même niveau d’avancée dans cette mobilisation, que l’expérience de ceux qui ont déjà réussi à entraîner les collègues au cours des années précédentes serve à tous, partageons les pratiques, outillons les sections pour qui c’est encore difficile. Cette action doit être emblématique d’un renouveau syndical : un projet de transformation de l’école ne peut se satisfaire de propos incantatoires, c’est par la réflexion, l’élaboration et l’action collectives que le mouvement sera enclenché et pourra s’amplifier. Notre projet de transformation de l’école s’ancre nécessairement dans de nouvelles pratiques, qu’elles soient syndicales ou professionnelles : donner à penser le métier, organiser le débat au plus près du terrain et agir collectivement pour gagner. Nous avons déjà conquis l’adhésion des collègues quant à l’analyse des effets des APC sur la réussite des élèves mais surtout sur leurs conditions de travail, il nous reste à les inciter à s’inscrire dans l’action. Que le SE-UNSA se sente obligé de se porter à la rescousse du ministère est déjà un signe de notre réussite à porter publiquement les questions qui agitent l’école. Si nos positions sont argumentées, construites au plus près des préoccupations des collègues et à partir des principes d’égalité, de respect et de justice, pour les élèves comme pour les enseignants, nous sommes en capacité de contribuer à faire de la transformation de l’école un enjeu majeur de la période.