Dans le cadre de PPCR et de la réforme de l’évaluation professionnelle, a été introduite la notion d’accompagnement des enseignants. Je cite : « Il s’agit d’un accompagnement de proximité des équipes et des personnels qui vise à les soutenir dans l’exercice de leurs missions, dans une relation de confiance ». Si les intentions ainsi affichées en introduction correspondent bien à nos mandats, il nous faut regarder de plus près de quoi il s’agit, tant au plan des finalités qu’à celui des modalités.
D’abord les finalités de l’accompagnement. Elles sont déclinées selon 3 axes : consolider et développer les compétences professionnelles, remédier aux difficultés rencontrées par certains professionnels et favoriser la mobilité. C’est dans la déclinaison du premier axe que l’on peut commencer à s’inquiéter. Après l’accompagnement des débuts de carrière, on peut lire (et c’est bien de l’accompagnement qu’il s’agit) : offrir une formation dans les domaines de la pédagogie générale, de la didactique ou de la gestion de la classe. Puis, approfondir les connaissances disciplinaires. Jusqu’à maintenant ces domaines-là relevaient de la formation, initiale puis continue. Le ministère ne prétendrait-il pas, en introduisant cette notion d’accompagnement, répondre à nos exigences de renforcement de la formation continue ? Et surtout répondre de manière totalement inappropriée ?
Ensuite les modalités. L’accompagnement peut être individuel ou collectif et est placé sous la responsabilité de l’IEN. Les conseillers pédagogiques, les PEMF et les tuteurs sont appelés à en assurer l’effectivité. Avec quels moyens humains supplémentaires ? Les conditions actuelles de travail pour toutes ces catégories font déjà apparaitre des manques criants en personnel avec un glissement de leurs missions vers des tâches de plus en plus administratives quand ce n’est pas évaluatives. Sans recrutement massif donc, pas d’accompagnement possible.
Et pour finir, l’accompagnement est conçu (je cite) « dans un esprit de formation et de valorisation des compétences, il est progressif et ajusté tout au long de la carrière ». Valorisation des compétences ? Cela revient à assumer le lien direct entre accompagnement et évaluation et au bout du compte avec le déroulement de carrière. Est-ce que nous sommes là dans l’esprit de nos mandats ? Ne nous méprenons pas et cherchons la cohérence de tout ce dispositif, nous trouverons celle du New management. Si l’accompagnement s’articule aussi manifestement avec l’évaluation, c’est tout au long de la carrière que les enseignants seront confrontés à des conflits de critère : quand ils chercheront l’aide et le soutien, ils fourniront dans le même temps des arguments pour leur propre évaluation. Chercher à faire mieux la classe pourrait alors devenir un obstacle à leur carrière.
Nous aurons à porter une appréciation sur plusieurs décrets qui seront soumis à la consultation du CTM. Le décret qui nous occupe ne concerne pas les grilles indiciaires qui feront l’objet d’un autre décret mais concerne l’ensemble du dispositif, sans les grilles donc. La création de la classe exceptionnelle, la non-déconnexion entre évaluation et déroulement de carrière, les incertitudes sur la possibilité d’atteindre pour tous l’indice sommital de la hors-classe sont contraires à nos mandats. Les nouvelles modalités d’évaluation et d’accompagnement sont tout aussi inquiétantes. Dans ces conditions et s’il reste fidèle à ses mandats, le SNUipp-FSU ne peut pas et ne doit pas approuver ce décret. En ce qui concerne les grilles, la question reste entière.