L’École émancipée défend un concours situé en fin et sous condition de licence, suivi d’une formation donnant accès à des contenus de formation exigeants et à un diplôme de master. C’est aussi ce que porte la FSU-SNUIPP, où UA est majoritaire.
La nouvelle réforme du gouvernement répond apparemment à cette revendication. Est-ce parce que la macronie a finalement été convaincue de son bien-fondé ?
Loin s’en faut, et nous nous retrouvons en grande partie dans ce que le texte action développe, en particulier sur deux aspects :
– d’abord le caractère précipité de cette énième réforme, qui comporte de nombreux angles morts.
– ensuite la charge de travail pour les étudiant·es qui sera toujours aussi forte, sans que la formation prépare mieux au métier.
Nos camarades de la FSU-SNUIPP partagent ces analyses.
Mais aussi, cette réforme dégrade les conditions de travail de nos collègues chargé·es d’assurer cette formation. Et cela, le texte ne le pointe pas suffisamment alors que le SNES syndique une part de ces personnels. Une large intersyndicale du supérieur a d’ailleurs publié hier un communiqué sur le sujet.
Si le SNES a effectivement intérêt à faire partager ses analyses pour faire l’unité, il est aussi dans son intérêt de prendre en compte la réforme dans toute ses dimensions, y compris celles qui le concernent a priori moins directement. Il est illusoire de penser sauver la formation pour le seul second degré. Il faut au contraire renforcer l’unanimité contre la réforme pour obtenir la satisfaction de nos revendications communes, la plus urgente étant le moratoire. Certaines formules du texte action laissant entendre que le principal problème de la réforme serait sa modélisation pour le premier degré peuvent à ce titre avoir un effet contre-productif.
La « crise des vocations » est multifactorielle et touche tous les degrés d’enseignement : la cure d’austérité dans la fonction publique a drastiquement diminué le nombre de postes aux concours. Il y a aussi les mauvaises conditions de travail et de rémunération, la « perte de sens » voire le « travail empêché ». C’est d’ailleurs surtout ce que pointe le Haut-commissariat au plan dans sa note d’analyse n°154, pour qui le seul levier du recrutement en L3 ne sera pas suffisant. Mais le gouvernement a intérêt à occulter les autres dimensions du problème, pour ne pas avoir à investir vraiment dans l’école.
C’est cela qu’il faut pointer, ainsi que ce qui constitue le problème central de cette réforme, un problème qui touche tous les degrés d’enseignement : c’est celui des contenus de formation, construits à partir des contenus scolaires et non plus universitaires. L’objectif est de préparer les futur·es enseignant·es à être les exécutant·es de pseudo-recettes éducatives, plutôt que les préparer à penser leur métier et leur enseignement, ce qui risque d’aggraver encore la crise actuelle.