Bulletin n°6 BIS Juin 2008
Réforme des lycées : une signature « offensive »?
Le SNES a donc signé la « feuille de route » de Darcos sur la réforme des lycées, au motif que celle-ci n’engageait en rien la liberté de notre syndicat et qu’elle était finalement l’aboutissement du rapport de force que la mobilisation de ces derniers mois avait réussi à installer. Le SNES signe au côté du SGEN et de l’UNSA qui ont refusé d’appeler au 10 et sifflé la mi-temps en appelant à l’arrêt des luttes au mois de juin !
Pourtant, chacun sait, que Darcos ne « lâche » rien et en particulier sur la question des suppressions massives de postes, notamment dans les lycées. Ce point n’est pas discutable, ni négociable dans la feuille de route! Et ce qui est nommé « points de convergence » recouvre soit des formules creuses qui n’engagent à rien, soit très explicitement des « principes directeurs ». Ceux-là pour le coup sont tout à fait inacceptables, au regard des mandats du SNES et au regard des revendications portées par les enseignants depuis des mois dans leurs luttes pour les services publics, la défense de leur métier et de l’école et cela quelques jours après les annonces sur le SMA et au moment même où des lycéens subissent la répression du pouvoir !
Rien que la méthode aurait dû déjà suffire à nous faire rejeter la feuille de route : mise en place d’un calendrier à marche forcée, chantage à l’exclusion de la participation aux futurs groupes de travail pour les organisations syndicales qui ne signeraient pas. Ce procédé de domestication et de contrôle des organisations syndicales devait déjà être refusé parce que, ce qui se joue finalement avec cette conception du « dialogue social », c’est l’indépendance du fonds revendicatif des organisations syndicales et de la profession : exit les revendications portées par des milliers de collègues et d’élèves, on est prié de les laisser au vestiaire, au nom d’un prétendu constat partagé. Les luttes de ces derniers mois sont pourtant là pour rappeler à quel point aucun constat ne peut être partagé avec ce gouvernement de guerre sociale.
Sur le fond, accepter la feuille de route sur les lycées c’est de fait contribuer à donner une forme de caution aux manœuvres du gouvernement sur les postes : on peut donc « réformer » en supprimant les postes ! Quel sens donner alors à la lutte des enseignants et des lycéens ? Ce refus de Darcos de ne pas inclure la question des postes dans la feuille de route, ainsi que les mesures qui frappent le premier degré, au le collège et à l’université, tout cela indique bien ce que doit être l’orientation de cette « réforme » : Darcos isole la question du lycée, comme si les contre réformes et les contraintes budgétaires n’étaient pas liées entre elles, et complètement cohérentes. Le SNES a alerté sur cette réforme, il avait anticipé et il a largement développé à juste titre les risques bien réels : restriction des moyens en poste pour un enseignement restreint sous forme de tronc commun plus ou moins squelettique en classe entière, au côté duquel voisineront toutes sortes de dispositifs « à la carte » financés à coup d’heures sup renforçant l’individualisation des élèves. Le tout dans une logique de culture du résultat et de mise en concurrence des établissements au travers notamment d’une autonomie renforcée des d’établissements.
L’EE a défendu lors du dernier Bureau national la position de refus de la signature et a ajouté que seul ce refus était offensif et conforme à la mobilisation des collègues.
Une signature de la part du premier syndicat du second degré dans le contexte actuel et dans le cadre fixé par le ministère du mépris, serait incomprise des collègues mobilisés.
Enfin, que si discussion il devait y avoir, c’était avec comme préalable non négociable la question des suppressions de postes !
Le SNES ne doit pas donner le sentiment qu’il a cédé à l’idéologie de la « réforme » : plus que jamais, la profession a besoin d’un SNES vraiment offensif, un SNES de combat !
Le 10 Juin 2008