Tirer les bilans
Pour prendre une décision cette année, il faut commencer par faire le bilan de ce qui s’est passé l’année dernière. Et le bilan est positif à plus d’un titre.
Positif parce que le timing de la campagne syndicale était en adéquation presque parfaite avec le timing des évaluations. A aucun moment, les collègues ne se sont sentis isolés dans le processus de passation, de saisie, de rencontres avec les parents. Timing qui s’est avéré percutant deux fois dans l’année.
Ensuite les informations diffusées ont fait la preuve que le discours ministériel n’était pas si solide qu’il voulait l’être et l’entreprise de déconstruction qu’a mené le SNU a porté ses fruits dans les écoles et auprès des parents. Elles ont alimenté les discussions de salle des maîtres mais aussi les réseaux sociaux et même la presse. Le discours syndical a été renforcé et crédibilisé par de nombreuses analyses de chercheurs qui allaient dans notre sens. Pour finir, l’adresse « jetemoigne » a permis aux collègues de s’exprimer librement et d’être au plus près du ressenti des collègues.
Le SNU a bien gagné la bataille de conviction. C’est un point de départ essentiel et on peut avancer que les aménagements des tests et des conditions de mise en œuvre du protocole à cette rentrée sont le résultat de cette mobilisation syndicale. Remporter une bataille n’est pas gagner la guerre et il faudra cette année enfoncer le clou. On part sur des bases solides mais on ne peut pas non plus passer sous silence que des sanctions sont tombées et des pressions se sont exercées. Il faut en tenir compte. Sans pour autant être tétanisé par cet aspect qui était prévisible et que le SNU n’a jamais nié.
Alors maintenant que fait-on ?
Une certitude est qu’on ne peut pas être en-dessous de ce que l’on a fait l’année dernière, c’est une question d’engagement auprès de nos collègues. Nous sommes en pré-rentrée et dès aujourd’hui, il faut démarrer une campagne nourrie en direction des collègues mettant en valeur l’action passée du SNU mais l’engageant aussi fortement dans la bagarre de cette année. Si les collègues se sont beaucoup mobilisés l’année dernière contre l’idée même de soumettre leurs élèves à un protocole déshumanisant, il faut maintenant insister sur les visées politiques de cette affaire en travaillant les aspects de réduction des savoirs et de posture dans les apprentissages : on demande à nos élèves un entrainement intensif dans le but de réussir le test plutôt que de viser l’émancipation par le savoir. La conception de la lecture, et même des mathématiques, véhiculée par ces évaluations va à l’encontre de ce que nous défendons avec les associations proches de nous. Il faudra que ce soit un point important de notre campagne.
Quant à la consigne, l’expérience de l’année dernière nous oblige à beaucoup de souplesse pour entrainer le maximum de collègues, et pas que ceux de CP-CE, dans la bagarre. On a bien compris qu’en fonction des DASEN et des IEN, il était plus ou moins facile d’agir ou non. Le SNU national doit réaffirmer son opposition à ces évaluations mais aussi affirmer qu’il sera aux côté des collègues quelle que soit la façon qu’ils auront choisi pour marquer eux aussi leur opposition : non-passation, non-remontée, envoi de leurs propres évaluations aux IEN, classe morte le jour de passation… L’éventail est large et ce sont les sections départementales qui sont le plus à même de faire des choix de consigne… à condition qu’elles se sentent soutenues par l’ensemble du SNU. L’époque est à la créativité mais aussi à la détermination. Nous avons déjà fait reculer Blanquer, continuons dans la même voie tous ensemble.