Les annonces gouvernementales de fin août sur l’avenir de l’accompagnement des élèves en situation de handicap envisagent une CDIsation des auxiliaires de vie scolaire (AVS). Si, médiatiquement, une petite musique s’est enclenchée comme quoi les AVS allaient avoir un vrai métier et pourraient sortir de la précarité, ces annonces sont loin de répondre aux exigences des personnels comme des élèves.
Avant la création d’une formation qui déboucherait sur une embauche via un CDI de droit public, des mesures transitoires de prolongation des CDD des AVS actuellement arrivés en fin de contrat (6 ans) sont prises. A terme, moins de la moitié des AVS en poste, au mieux, serait donc concernée par les mesures gouvernementales de CDIsation. Les 34 000 contrats aidés CUI seraient ainsi laissés de côté !
Après les promesses non tenues du gouvernement précédent, les associations et les organisations syndicales attendaient, à la suite de l’élection de François Hollande, un signe clair dans le sens d’une amélioration des conditions d’emploi des AVS et du coup d’une amélioration des conditions de scolarisation des élèves en situation de handicap ayant besoin d’un accompagnement.
Le rapport Komitès, rendu fin juin 2013, préconisait d’étendre le temps de travail des AVS au-delà du temps scolaire. Cela devait permettre aux AVS de travailler à temps plein et de sortir donc des temps partiels contraints. Or, ces annonces maintiennent le cadre d’emploi actuel en restreignant le champ d’intervention des AVS au temps scolaire.
Pour l’instant, on ne voit pas comment les AVS qui bénéficieront des mesures gouvernementales pourraient sortir de la précarité avec un emploi à temps partiel et une paye de 700 à 750 euros par mois, même en CDI. Et qui voudrait s’engager dans une formation débouchant sur un temps partiel ?
Le gouvernement botte en touche sur cette question du temps partiel contraint en déclarant que rien n’empêchera les AVS de compléter leur temps partiel avec des emplois d’accompagnant dans le péri éducatif, à l’occasion de la réforme des rythmes scolaires.
Mais qui peut croire à cette tartufferie ?
Les besoins nouveaux des services publics, avec la montée en puissance exponentielle du nombre d’enfant scolarisés depuis la loi de 2005 (augmentation de 80% des élèves scolarisés en milieu ordinaire entre 2006 et 2011 et une hausse des AVS, 6000 en 2003 contre près de 65 000 aujourd’hui) doivent être couverts par des personnels bénéficiant de statuts et de formation.
L’occasion qu’offrait le rapport Komitès de mettre en place un véritable métier, à temps plein et correctement rémunéré, est clairement manquée par le gouvernement.
Malheureusement, comme dans beaucoup de domaines, le gouvernement Hollande a dilué ses « ambitions » dans le bain du pragmatisme néo libéral.
En marge de cette question, le rapport Komitès, en préconisant que le complément du temps partiel des AVS sur l’extra scolaire soit à la charge des communes et non de l’État, pose le problème des inégalités territoriales. Et ce n’est pas une mince affaire !
D’ailleurs, les maires s’en inquiètent. Rien ne semble avoir été pensé par le gouvernement pour l’accompagnement des enfants en situation de handicap sur le temps périscolaire.
Cette impréparation risque une fois de plus de coûter cher en termes d’inégalités territoriales, voire de territorialisation de la politique du handicap.
Que reste-t-il donc de ce vent d’espoir qui a soufflé au printemps sur le monde du handicap ?
Une hypothétique formation aux contours bien fragiles pour une minorité de personnels qui, décidemment, n’avait pas besoin de ça en cette rentrée de crise.
Ce qu’attend le monde du handicap, c’est ce qu’attendent les salariés français finalement : un véritable changement, palpable dans la vie quotidienne !
Au contraire, le gouvernement propose une fois de plus des demi mesures, du saupoudrage, contre le tapis rouge pour les patrons !