Attaquer les Rased, c’est attaquer l’école tout entière !

Dans l’attaque orchestrée contre les Rased depuis 2008, il faut voir une agression idéologique de grande ampleur ! Quand on diminue les moyens attribués aux élèves en difficulté, c’est au principe de l’école pour tous qu’on s’attaque !

Institués en 1990, les Rased sont un dispositif constitué de 3 types d’enseignant-es spécialisé-es agissant dans l’école. C’est une spécificité française, la France est le seul pays au monde à proposer une aide spécialisée dispensée par des professionnels de la difficulté scolaire qui ont été auparavant des enseignant-es généralistes. Il est toujours bon de rappeler que les membres des Rased sont d’abord des enseignant-es !
Mais ce sont des enseignant-es qui ont une spécialité, comme les médecins spécialisés en ont une. Accepterions-nous que les médecins spécialisés disparaissent ? Jamais de la vie ! C’est la même chose avec la disparition programmée des Rased.

En 1990, on prévoyait un dispositif complet (maître G, psychologue scolaire, maître E) pour environ 1000 élèves. On n’est encore qu’à environ un poste pour 600 élèves aujourd’hui, il faudrait donc a minima double les postes de Rased pour atteindre cet objectif prioritaire de l’action syndicale que le SNUipp-FSU ne doit pas lâcher. Actuellement, seulement entre 5 et 10% d’une génération bénéficie de l’action des Rased alors qu’il y a près de 20% d’élèves en difficulté à l’entrée au collège.

2008, l’année du méchant Darcos…

En 2008, Xavier Darcos, a lancé une vaste opération de suppression des postes Rased. Celle-ci a été endiguée par une vague de protestation si forte que le ministre a été contraint de modérer ses coupes budgétaires.
Entre 2008 et 2012, près de la moitié des postes de maître E et G ont tout de même disparu ! Seuls les postes de psychologues scolaires sont restés à peu près stables. Ces suppressions obéissaient à une gestion purement comptable, dans le cadre de la Rgpp, il s’agissait de faire disparaître des postes d’enseignant-es qui n’étaient pas « devant élèves », obéissant en cela aux objectifs fixés par l’Ocde dès le milieu des années 90.

L’aide personnalisée, instituée en 2008, a servi de “cache sexe” pour l’opinion publique à ce démantèlement en règle des réseaux d’aide.

2012, l’année du gentil Peillon…

L’année scolaire dernière a été une année transitoire d’après le ministre alors que nous aurions bien aimé sentir une réelle différence d’avec la mandature précédente…

Qu’a fait Peillon pour assécher la saignée sarkozyste ? Il a recréé en 2013 un peu plus de 70 postes… contre 5000 perdus en 5 ans. De plus, le nombre de départs en formation spécialisé, indispensables dans une logique de recréation massive de postes, est resté aussi indigent qu’auparavant. Qui peut alors croire à une réelle volonté de redonner du crédit à l’aide spécialisée ?
Bien au contraire, le ministère continue sournoisement à opposer indirectement l’aide personnalisée, que la création des APC n’a pas vraiment remis en cause sur le terrain, à l’aide spécialisée.

Le collectif Rased, mis en place pour résister aux attaques sous Sarkozy, a laissé au ministre un an pour faire ses preuves malgré des inquiétudes exprimées dès 2012.

Or aujourd’hui, que constate-t-on ? L’externalisation de la difficulté scolaire s’accroît avec la montée en puissance des orthophonistes tandis que les inégalités scolaires gangrènent notre système éducatif. Le fameux “regard croisé” que peut apporter un Rased complet continue ainsi de “loucher” !

2013, des paroles aux actes !

Pourtant, le rapport du Sénat de juillet 2013 sur les Rased vante leurs mérites et les bénéfices apportés en termes d’efficacité. Dans sa conclusion, il indique que « l’urgence est aujourd’hui d’accorder toute la priorité́ aux Rased pour l’accomplissement de leur mission de service public en leur accordant les moyens humains nécessaires ».

Le collectif Rased, avec en ligne de mire le budget 2014, vient d’adresser une lettre au ministre. Cette dernière peut être modifiée et envoyée aux parlementaires ou aux élus locaux. Il a également produit un flyer qui retrace l’histoire de l’engagement présidentiel en faveur des Rased. Il y a enfin une vidéo accessible sur internet qui exige du président de passer des paroles aux actes.

En conclusion de son rapport, le Sénat rejoint cette analyse et affirme que « rétablir les emplois de RASED supprimés doit aujourd’hui constituer une priorité des créations de postes dans l’éducation nationale » (lire ici). Ce n’est pas en saupoudrant l’action des enseignant-es spécialisé-es qu’on réussira à éradiquer la part de la difficulté scolaire sur laquelle ils peuvent agir. Il faut donc reconstruire des dispositifs complets, dispositifs qui donnent leur sens aux missions des maîtres spécialisés !